Pourquoi sourit-on en photographie ?
de André Gunthert, Vivien Philizot

critiqué par JPGP, le 6 décembre 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
André Gunthert et la bonne question
Derrière la question simple "Pourquoi sourit-on en photographie?" se cache une évolution restée longtemps invisible, à la croisée de l’anthropologie et de l’histoire visuelle.
André Gunthert - historien des cultures visuelles, enseignant-chercheur à l’EHESS et spécialiste des médias d’enregistrement, de l’édition illustrée et des cultures populaires contemporaines - en précise les contours.
Il rappelle que pendant la seconde moitié du XIXe siècle, la photographie n’a fait que prolonger les conventions du portrait peint. A cette époque le visage sérieuse indiquait de facto la maîtrise des émotions en public.
Mais pour l'auteur c'est l’arrivée du cinéma muet qui a imposé un nouveau dogme. Intensifiée par l’effet de loupe du gros plan, l’expressivité du visage devient une clé de la narration visuelle. Et elle se diversifie.
À partir des années 1930 et surtout après la seconde guerre mondiale l’alliance de l’authenticité et de la lisibilité devient le fer de lance de l’essor de l’illustration de presse. Si bien que dans cette perspective le visage souriant apparaît comme le garant d’une sociabilité qui se veut moderne et égalitaire.