Hergé, les ultimes secrets
de Bob Garcia

critiqué par Bookivore, le 28 novembre 2023
(MENUCOURT - 41 ans)


La note:  étoiles
Pas essentiel
Les livres sur Tintin et son créateur Hergé sont légion, parce qu'ils sont nombreux. Celui-ci, sorti cette année, ne changera strictement rien. Si vous êtes un Tintinophile diplômé, ou un Tintinologue, vous n'apprendrez rien, ou quasiment rien. Si vous n'aimez pas suffisamment Tintin pour lire un livre sur Hergé, vous vous ennuierez peut-être. En tout cas, même s'il y a des choses intéressantes à lire ici, dans l'ensemble, on est en droit de trouver ce livre peu épais (320 pages) assez rébarbatif, parfois, et assez pinailleur pour rien, parfois aussi.

Bob Garcia, dont ce n'est pas le premier livre sur Hergé et Tintin (il a même écrit un roman policier parodique de la série "Saint-Tin et son ami Lou", dont les titres parodient ceux des albums, mais dont les intrigues sont totalement différentes), a eu un jour une idée totalement loufdingue et presque irréalisable (mais presque seulement, parce qu'il l'a réalisée) : lire, ou en tout cas compulser, un à un, les numéros du "Petit Vingtième" et de "Tintin Magazine" publiés au moment des aventures de Tintin, pour voir jusqu'à quel point celles-ci étaient influencées par l'actualité, petite ou grande. Il l'a fait, il a recherché les numéros, les a chopés, les a numérisés, les a compulsés, a pris des notes, a regardé les albums.

Et il fait un rapport, album après album, abordant aussi les albums de Jo, Zette & Jocko et les gags de Quick & Flupke. On passe d'éléments bien connus ("Le Sceptre d'Ottokar" influencé par l'Anschluss germanique ; les inventions du professeur Piccard, et son physique, qui influencent Hergé pour Tournesol) aux plus petits détails (une petite notule sur la maladie causée par les morsures de perroquets qui influencera un petit gag de "Tintin au Congo"), et parfois, on a envie de demander à Garcia si c'était bien utile, crucial, vital, de savoir que le logo du "Crabe aux pinces d'or" est influencé par une couverture du "Scarabée d'or" de Poe, ou si "L'Etoile Mystérieuse" s'appelait ainsi parce que, dans le numéro précédent la parution du premier strip, il y avait le mot "étoile" dans un article.

J'exagère à peine. Vraiment à peine. Parce que des fois, ça fait un peu coupeur de cheveux en quatre, et pour au final peu de choses. Alors certes, c'est parfois intéressant (le vrai sens de la devise syldave du "Sceptre d'Ottokar" et son inspiration), et on apprend des choses, mais est-ce que ça vous fera vous sentir plus intelligent de savoir que si le docteur Müller porte les initiales J.W., c'est parce qu'il est inspiré par un vrai malfaiteur qui s'appelait W.J. Müller (initiales, donc, inversées) ? On est tous d'accord pour le dire : on s'en fout, non ?

Dans la dernière partie, Garcia tente de dire si Hergé était, oui ou non, raciste, antisémite, misogyne, anti-musulman, facho. Des sujets qui fâchent, mais qu'il n'est pas le premier à aborder, loin de là. Il n'apporte pas beaucoup d'eau au moulin, sans raconter de conneries non plus.
Bref, ce livre se lit facilement, mais n'apportera rien au fan, et ce qui est peut-être plus grave, au néophyte. Il en saura plus en lisant les livres de Goddin ou Maricq, les livres détaillant les albums, page par page ("La Malédiction de Rascar Capac", "Les Tribulations de Tintin au Congo", etc), qu'avec ce livre pas forcément mal foutu, mais pas génial du tout.