Je n'ai lu que « Viou » (édition Librio / Texte intégral), le premier des trois romans, et je le recommande à mon tour.
L'auteur raconte les choses du point de vue de l'enfant. On voit ainsi vivre de l'intérieur les sentiments et les pensées d'une enfant face aux événements qu'elle traverse et avec son interprétation. Mais l'auteur suggère également dans l'écriture ce que pensent et ressentent les autres personnages (adultes pour la plupart) et ce qui leur arrive. Cela donne un roman ironique, où personne n'est épargné, et émouvant : les liens entre les personnages sont décrits avec finesse. J'ai juste trouvé la grand-mère dévote un peu caricaturale et j'ai été gênée par une vision un brin misogyne de la description des goûts naturels supposés d'une petite fille.
En bref, je dirais que c'est un roman sur la perte des êtres chers et la joie de les retrouver. La vie quotidienne est bien ancrée dans le réel et la vie sociale (Le Puy, 1947) est décrite dans le détail avec son caractère réglé et parfois pesant. Le quotidien est en effet très ennuyeux pour la petite fille, mais l'auteur arrive à faire ressortir ce manque d'événements sans s'appesantir dessus, tout en exprimant la mélancolie de l'enfant. J'ai beaucoup aimé le style d'Henri Troyat, que je n'avais jamais lu auparavant. Un roman prenant, écrit avec grand talent, léché, où rien n'est laissé au hasard.
Clodine - Paris - 39 ans - 20 février 2010 |