Le temps de Planck - Le sang
de Sergi Belbel

critiqué par Sahkti, le 2 décembre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Course contre la mort
Cette pièce de l’espagnol Sergi Belbel aborde la mort d’un homme, entouré des êtres qui lui sont proches, et qui vont réduire la distance le séparant de la mort à des unités de temps. Le temps de Planck, des fractions de secondes assemblées en séquences temporelles. Le temps prend de suite une autre allure, il y a comme un air de « ça va durer plus longtemps » derrière tout cela qui repousse, même illusoirement, l’arrivée de la grande faucheuse, mais qui, en même temps, ressemble à du chronométrage. Les limites sont fixées, chaque séquence a un temps imparti avant de céder la place à la suivante. Curieux mélange d’éphémère et d’éternité. Un découpage qui permet de remplir les blancs offerts par le temps en repos. Il s’agit d’aller vite, de se confesser, de raconter, de livrer ses souvenirs. Tout ça avant de partir pour de bon.

Cette pièce m’a beaucoup plu par l’énergie qu’elle dégage au milieu d’une certaine léthargie. La mort est là, présente et étouffante, on la devine derrière chaque mot, il faut aller au plus vite avant qu’elle ne rattrape le père, ça donne un côté maladroit aux personnages qui se confient dans l’urgence et vivent une autre vie, plus rapide mais tellement intense avant qu’il ne soit trop tard. J’ai savouré avec effroi et en même temps émotion, pour raisons personnelles, cette course contre la montre que Sergi Belbel restitue avec beaucoup de force et aussi de joie. Car son texte est vivant, rythmé, cela ressemble à de la musique (sans doute à cause des chansons qu’il contient), un opéra virevoltant qui serait très bruyant avant de mourir dans un dernier claquement sec d’instrument.