Vie de Joseph Roulin
de Pierre Michon

critiqué par Léonce_laplanche, le 1 décembre 2004
(Périgueux - 87 ans)


La note:  étoiles
L'art et l'homme
Sur quelques tableaux de Vincent Van Gogh, peints en Arles en 1888, on peut voir un petit employé des Postes avec une belle casquette bleue.
Ce livre est un jeu de miroir, de lumière et d’ombre, subtil, fin, abouti : Dans la lumière vit Joseph Roulin, facteur ou assimilé et dans l’ombre _ pour une fois_ Van Gogh son semblable en presque tout.
Mais l’un peint, son talent n’étant encore nullement confirmé, et l’autre pas !
Le petit facteur est républicain forcené et déçu, l’absinthe le réconforte ; il est le plus fortuné des deux et approvisionne son peintre d’ami en confitures.
Dans ce roman Van Gogh est sous-jacent, juste esquissé, mais pour le lecteur il est partout, même entre les lignes. Il est question d’un facteur, mais dans le miroir on voit le peintre !
Qu’est-ce qui fait la différence entre ces deux bonhommes ?
Peut-être ne voient-ils pas le même monde ?
Vie minuscule ! Pour l’un assurément. Mais pour l’autre ?
Ce petit livre est un bijou.
Pierre Michon est évidemment _ depuis que Julien Gracq n’écrit plus_ l’un des deux grands écrivains français en activité.
Pour qui a, un jour, regardé un tableau de Van Gogh en se disant: c'est beau. 10 étoiles

La belle critique de Léonce laplanche donne de ce livre une très bonne idée. Sa lecture provoque une vraie jubilation, accrue par le fait que l'on sent Michon, surtout dans les dernières pages, ému par son propos. Celles-ci évoquent un possible achat par un gentil marchand parisien du tableau donné par Vincent à Joseph et encore accroché dans sa cuisine marseillaise. Elles ouvrent à Michon le chemin de la réflexion sur l'art, la notoriété et l'argent, dont on sent bien qu'elle s'applique à Vincent Van Gogh comme à lui-même, Michon.
Une merveille.

Falgo - Lentilly - 84 ans - 10 décembre 2010