Incendire: Qu'est-ce qu'on emporte ?
de Hélène Cixous

critiqué par JPGP, le 15 octobre 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Hélène Cixous d'hier et de toujours
Helène Cixous via sa narratrice poursuit son retour amont avec une émotion qu'elle a longtemps bridée. Nul pathos pour autant mais une dignité dans la souffrance et le rappel de l'aveuglement, un temps caressé, comme par exemple celui de penser que, sous Hitler, "les juives infirmières ne sont pas des Juifs comme les autres" et seront épargnées. Mais le temps apprit vite à déchanter jusqu'à comprendre aussi que des hitlériens étaient déguisés en Français.

L'auteure se rappelle de la seconde guerre mondiale en 2022 comme en 1942. Mais ce n’est pas un souvenir "On n’y arrive pas. La morsure mord, le passé n’arrive pas." Et même au lever de l’aurore, lorsque le jour devrait poindre mais que la nuit dure.

Hélène Cixous rappelle dans ce chant sidérant qu'avec la Shoah "Le temps a sauté sur une mine, le monde explose sur le coup, moi qui le croyais solide et le craignais fragile comme mon père.". Il y eut l'horreur. Et plus le fort se sent fort de la foule, plus il crie, mort, rit, tue.

Certes dans la famille de la narratrice, "ma mère dit :la mort est une erreur." et d'ajouter " Dans ma famille l’homme meurt la femme vit". Ce qui est vrai pour cette foyer ne le fut pas pour tous les autres. Et ce souvenir ne sera jamais comme les plus communs : c’est un événement qui ne s’en va pas et attaque de plus en plus.

Jean-Paul Gavard-Perret