L'été à Dresde
de Philippe Vilain

critiqué par Nothingman, le 27 novembre 2004
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Une histoire provisoire
" L’année dernière, j’ai rencontré une fille beaucoup plus jeune que moi. Elle avait juste vingt ans. Elle venait de quitter Dresde pour devenir modèle. J’ai su tout de suite que notre histoire serait provisoire". Ceux qui lisent les petits romans de Philippe Vilain risquent bien de finir par croire qu’il est le champion des histoires d’amours impossibles. Après avoir évoqué sa liaison avec Catherine, une femme de vingt-cinq ans son aînée, dans son précédent roman " Le Renoncement ", il nous livre ici, avec nostalgie, une histoire, vécue à trente ans, avec Elisa une jeune allemande et dont il était écrit qu’elle ne pourrait pas durer.
Eperdument amoureux mais désespérément timide, son seul but sera de lui proposer le mariage, non sans au préalable s’être convaincu du bien fondé de pareille demande. " Par le passé, avec Catherine B., j’avais découvert combien il était agréable de confier sa jeunesse à un guide et de se faire entretenir, je découvrais maintenant combien il pouvait être stimulant d’être le guide et d’entretenir, de donner à Elisa, après sa jeunesse difficile, une vie matérielle plus confortable….A la réflexion, en fait je ne lui offrais rien, je rendais seulement à Elisa ce que j’avais pris autrefois à Catherine B. et je m’acquittais ainsi d’une dette envers les femmes".
Douce mélancolie, suave nostalgie, passive amertume, on retrouve avec plaisir les composantes de l’écriture de Philippe Vilain. Ses atermoiements et ses faux-fuyants se traduisent dans une écriture sobre, si ce n’est toujours quelques phrases kilométriques. Une écriture qui n’est cependant pas dénuée de quelques aphorismes définitifs : "Toute personne recèle en elle-même une possibilité d’histoire et il ne tient bien souvent qu’à notre audace de trouver les mots agréables pour surprendre un visage que nous croyions fermé, pour vivre une aventure qui ne nous était pas promise ".
Dans cette histoire emplie de pudeur et de tact, Philippe Vilain se livre, se confie, se soigne. Ce court roman se veut une véritable catharsis d’où perce, au final, tristesse et mélancolie. Comme un été à Dresde…