Mario Sughi
de Melania Gazzotti, Mario Sughi

critiqué par JPGP, le 1 octobre 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Mario Sughi, les vertiges et les doutes
Cette monographie illustre comment avec Mario Sughi (aka Nerosunero) le voyeur n’est pas forcément dirigé vers les légendes dorées des amours plus ou moins (plus que moins d’ailleurs ) illégitimes.

Le créateur saisit ses personnages au moment de l’arrivée ou du départ de la chambre des miracles ou des illusions. Rien ne peut-être déduit des narrations de l’artiste. Nul ne pourra savoir ce qui sera ou aura été retiré d’un tel voyage ou d’une telle passade. Il n’est pas encore ou plus questions de baisers qui bourdonnent. Restent des postures de stress, d’attente ou d’une certaine indifférence au milieu du trait précis et des couleurs douces qui organisent les scènes.

En dépit de la clarté des vignettes un trouble étrange règne. Les moments d’explosion semblent remisés. En esprit comme en chair l’élan ne transporte que trop peu les partenaires. C’est ce qui donne tout leurs mystères à ses moments creux qui éloignent des centres de gravité de l’habituelle vision des scènes érotiques ou amoureuses. Tout reste en l’état de latence et un ensemble de nuances subtiles peu habituelles dans de telles scènes dites « de genre ». L’artiste italien les cisèle en orfèvre afin de faire cavalcader dans des silences plus lourds que partagés.

Le gibet de la déraison programmé laisse l’un ou les deux protagonistes dans l'incertitude et parfois dans le désarroi. Au mieux l’un ou l’une est la porte, l’autre le ou la mendiant(e). Il n’y a d’autre terme qu’une sorte de repli en lieu et place de partage. Comme si non seulement ou naissait et mourrait seul mais comme si on aimait de la même manière. Pour connaître la douceur il faudrait donc parfois avaler des couleuvres…

Jean-Paul Gavard-Perret