Le coup de marteau sur la tête du chat: La science des faits divers
de Édouard Launet

critiqué par Radetsky, le 24 août 2023
( - 81 ans)


La note:  étoiles
Richesse de l'absurde
Édouard Launet, ancien ingénieur et chroniqueur scientifique considère la possibilité d'une nouvelle branche de la science : celle des faits divers, riches d'innombrables déclinaisons malgré les apparences.

Si vous lisez dans votre quotidien favori l'annonce suivante : « Il vend son bébé pour s'acheter un iPhone » (paru dans People – Canada), vous croirez probablement à une plaisanterie de mauvais goût ou à un canular. Or il s'agit bien d'une absurdité bien réelle dans le monde réel que se contente de rapporter le journal. Lequel appartient à une corporation connue par ailleurs pour ses outrances et son attirance pour la fange, à quelques exceptions près.

Dans ce court essai de 215 pages l'auteur entreprend l'étude systématique (au sens scientifique du terme) de 68 faits divers relevés dans la presse sur tous les continents.
Chacun d'eux est rattaché à une discipline dans laquelle il s'inscrit et où l'analyse va se déployer : économie, sociologie, ethnologie, mathématiques, physique, médecine, etc. etc. Car à la lecture de ce fait divers on ne s'attend pas à y trouver de quoi mener une réflexion approfondie... tout juste esquissera-t-on le geste consistant à pointer l'index vers la tempe.

Vendre un bébé : Peut-on vendre un bébé ? Avec cette contrepartie :
acheter un iPhone . Outre le fétichisme de la marchandise, flagrant dans cet exemple, s'impose une équivalence effrayante !
Bébé = iPhone, soit la réification radicale d'un enfant, ravalé au rang d'objet, de monnaie d'échange.
Il serait aussi possible de renverser la proposition : vendre un iPhone pour acheter un bébé, lequel serait ipso facto considéré comme une marchandise. Un abîme de questions éthiques surgit alors, dépassant la seule absurdité de la chose.

Ce petit livre, vu l'articulation de son propos, est comparable à un recueil de fables, d'autant qu’Édouard Launet ne manque pas de souligner la dimension morale qui s'en dégage.

Ceci étant il n'y a pas que du tragique dans ce bouquin, on rit bien et souvent tout de même.