Ton père errant: Lettres de Paul Valéry à sa fille Agathe
de Paul Valéry

critiqué par JPGP, le 29 juillet 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Paul Valéry et sa fille
C'est avec sa fille Agathe, née en 1906 et future gardienne de son œuvre, que Valéry prend un nouveau visage pour beaucoup de ses lecteurs. Le parnassien sort de sa réserve partage une tendresse exacerbée qui demeurera au cœur de sa vie d’écrivain.

La sensibilité n'exclut pas des remarques moins acerbes qie pleine d'humour: "Je t’engage à travailler. Tu n’es pas sans en avoir besoin. N’attends pas que le besoin se fasse sentir. Tu fais des fautes qui commencent à être assez ridicules; (...)Renonçons à ces petites ordures grammaticales. Mais la corespondante n'est pas la seule "victime" de l'ironie du poète : "J’espère surtout que Mr Co, une fois habillé, ne voudra pas que son cerveau soit moins bien doté que son derrière. Soyez chics, très bien, mais de toutes parts. Il y en a qui ont les pieds propres et les idées vaseuses. Je préfère l’inverse".

Se dresse ainsi peu à peu un portait inattendu ou se mêle angoisse et affection vis à vis de sa fille. Il multiplie les surnoms lorsqu'ils'adresse à elle : Le à "Ma chère fillette" se sous-traite en "Ma chère petite porte-fesse", "bécasse de Cacatière", "Ma chère Toutoune", "Ma petite Cacahouette d'un sou", "Ma petite Pallotina di Polastro", "Ma chère Cocotte à la coqu"», etc., etc là où l'auteur signe en dehors du traditionnel "Papa" ou d'un pzareaphe :"Ton père De Claques", "Merlin", "Le Directeur", «Ambroise», "Emmanuel-Charlot Le Luc Endives, aspirant grand père" et bien d'autres saugrenus patronymes.

Exit la froide rigidité qui empèse l'image d'un auteur qui peu à peu dans son historiographie s'humanise. Entre autres à travers Agathe. Elle n’a cessé de recevoir de son père les témoignages d’un amour inaltérable.

Jean-Paul Gavard-Perret