Confessions d'un bourreau
de Federico Ariu

critiqué par LOIC9, le 18 juillet 2023
( - 35 ans)


La note:  étoiles
Un roman historique sur la vie d'un bourreau
Cette histoire, à l’origine, avait été écrite comme un scénario et devait donner lieu à un film. Transformer ce script en roman a pris plusieurs années pour aboutir au résultat publié ici, de nombreuses réécritures s’étant ajoutées les unes aux autres. Un récit passionnant par son sujet et ses personnages, mais aussi par sa chronologie historique, qui s’échelonne notamment du drame du Titanic au procès de Nürenberg en passant par les tranchées de Verdun. Au terme de cet ouvrage, la personnalité du bourreau ne nous est plus inconnue et nous finissons par le regarder non plus comme une machine à exécuter mais comme un homme qui souffre de la souffrance d’autrui. C’est le cas de Paul Dufresne, qui ne voulait pas porter la cagoule de bourreau mais qui ne parvenait pas à se soustraire à l’autorité de son père, pour lequel la tradition faisait force de loi. Une professeure de français, aurait intéressé Federico, il y a bien longtemps donc, à la condition de vie des bourreaux, que l’auteur a intégrée au plus profond de sa plume. Une importante documentation enrichit le roman et un néo-romantisme permanent, propre au dix-neuvième siècle, habite tous les personnages de l’histoire, qui se déroule à la fois en Angleterre et en France. Parmi les qualités de ce premier roman, on remarquera le récit dans le récit, la plupart des personnages ayant leur propre histoire dans l’histoire maîtresse. C’est le cas notamment de Madame Gorma, l’aveugle voyante, de Gertrude, la femme à barbe qui a été rejetée de sa famille à cause de sa pilosité, d’Alfreda, la folle qui arrache les dents des pendus, de Matteo, le père d’Eléonore, qui est devenu directeur de cirque pour avoir un jour combattu des chiens enragés, etc. Mise en abîme astucieuse qui donne au récit son allant, son rythme. Sans oublier la charmante petite Elisabeth, la sœur adorée de Paul qui viendra régulièrement à la rescousse de son frère, un autre aspect du fantastique qui n’est jamais absent des circonstances décrites par l’auteur. La mort a frappé beaucoup dans ce roman, sur l’échafaud, certes, mais aussi dans les tranchées de Verdun, et surtout dans le cœur de Paul. La mort des coupables, elle aussi, est habilement explorée. Enfin, une réflexion humanitaire est perceptible à travers tout le roman de Federico Ariu, cinéaste dont on peut découvrir le travail sur son site officiel et une partie via Youtube.