L'axe du loup
de Sylvain Tesson

critiqué par CCRIDER, le 15 novembre 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
La voie de la Liberté pour
Après avoir fait , avec son ami Alexandre Poussin , le tour de la terre à vélo ("On a roulé sur la terre") puis une traversée longitudinale de toute la chaine de l'Himalaya à pied ( "la marche dans le ciel") , Sylvain Tesson entreprend seul la traversée de la Russie en partant de Yakoutsk en Sibérie , puis la Mongolie , la Chine , le Tibet et l'Inde pour suivre la voie Nord Sud , l'axe du loup , qu’empruntaient tous ceux qui essayaient d'échapper à l'enfer du Goulag soviétique et aux persécutions communistes et que suivent actuellement les tibétains colonisés par les Chinois .
Il marche à raison d'une quarantaine de kilomètres par jour , en évitant les ours autour du lac Baïkal , puis traverse à cheval l'immense steppe mongole et utilise le vélo dans le désert de Gobi .
Voilà l'un des derniers aventuriers du monde moderne , un des derniers voyageurs "by fair means" qui mérite depuis longtemps toute notre admiration , nous qui ne quittons pas les sentiers balisés et n'osons jamais aller vraiment jusqu'au bout de nos rêves et de nos capacités physiques .
Huit mois de souffrances pour un périple extraordinaire , un exploit sportif mille fois supérieur aux ridicules exploits "olympiques"ou cyclistes truqués à l'EPO et autres substances . Tesson est un vrai conquérant de l'impossible . Il nous entraine derrière lui dans un livre magnifique qui se dévore à toute vitesse . On en redemande même !
Bravo , M. Tesson !
De la Sibérie au nord de l’Inde 8 étoiles

C’est à un récit d’épopée que se livre ici Sylvain Tesson. Une épopée incroyable ; le chemin qu’auraient suivi des évadés du Goulag pour fuir l’oppression, partir de Sibérie, piquer plein sud, passer en Mongolie, en Chine, avant d’arriver dans le nord de l’Inde. Intrigué par le récit controversé d’un Polonais, Slawomir Rawicz, qui dit s’être évadé du Goulag et avoir réalisé cette traversée sans moyens aucun, dans « A marche forcée », il décide de tenter l’aventure par ses propres moyens pour essayer de statuer sur la vraisemblance de l’exploit.
C’est donc de Iakoutsk, en Sibérie, qu’il s’élance, piquant plein sud vers la Mongolie, le long de la Léna. Il nous raconte son épopée au quotidien ; ses enthousiasmes, ses coups de cœur, les embûches qu’il doit surmonter, les subterfuges qu’il faut employer, par exemple pour passer les frontières … C’est le Sylvain Tesson coureur d’aventures que l’on connait au plein de sa forme, qui nous décrit les paysages – et Dieu sait qu’entre la Taïga, le plateau mongolien, la barrière de l’Himalaya et le versant sud indien vers Calcutta il y a de la variété ! – et les sentiments d’un homme qui a accepté de s’en remettre à sa seule intelligence pour échapper aux ours, aux congénères humains, au froid, à la soif …
C’est profondément respectable et une très belle lecture. Fort bien écrit, ce qui ne gâte rien.

« J'abats les foulées, dans un étrange état d'euphorie provoqué sans doute par la grandeur des lieux, la gifle du vent, la tragique lumière que me renvoie le lac et l'immensité anormale - comme surdimensionnée- du ciel. Je pleure, je ris, j'avance, je lance au lac des versets poétiques. Je sens monter en moi l'impassibilité des vagabonds japonais de la tradition zen. Il s'agit pour eux de laisser les sensations leur traverser le corps sans s'y fixer jamais et d'accéder à l'imperméabilité, à l'image du martin-pêcheur qui réussit à plonger dans l'eau et à en ressortir sec. Ainsi seulement peut naître l'apaisement final. L'acceptation totale du monde. Non pas une acceptation passive mais impassible. Réconciliée. Peut-être le léger état de sous-alimentation dans laquelle je me trouve depuis quelques jours explique-t-il ces sensations aériennes qui me montent à l'âme, sans crier gare. »

Au bout du bout, Sylvain Tesson ne statuera pas réellement sur la véracité de « A marche forcée » de Slawomir Rawicz. Des épisodes semblent invraisemblables mais Sylvain Tesson reconnait que retracer après coup une telle épopée, réalisée sans cartes et sans moyens de prendre la moindre note ne facilite pas l’ouvrage. L’interrogation demeure. Demeure aussi une belle aventure humaine ; cette traversée à pied relatée par Sylvain Tesson.

Tistou - - 67 ans - 23 mai 2015


"Ils l'ont fait parce qu'ils ne savaient pas que c'était impossible " (Mark Twain) 10 étoiles

Sylvain Tesson (1972- ) est un écrivain voyageur français.
Géographe de formation, il effectue en 1991 sa première expédition en Islande, suivie en 1993 d'un tour du monde en bicyclette avec Alexandre Poussin. Il traverse également les steppes d'Asie centrale à cheval avec l'exploratrice Priscilla Telmon.
En 2004, il reprend l'itinéraire des évadés du goulag en suivant le récit de Slavomir Rawicz : The Long Walk (1955). Ce périple l'emmène de la Sibérie jusqu'en Inde à pied.

"Il n'y a que le loup, créature en marge du monde, pour ne pas marcher dans la direction ordinaire. Les évadés, qui sont un genre de bête traquée, ont eux aussi emprunté cet axe conduisant au septentrion de l'Eurasie jusqu'aux versants de l'Himalaya, l'axe du loup... "
De Iakoutsk (Sibérie centrale- Russie) à Calcutta en Inde, le récit d'une longue marche sur les pas des évadés du Goulag, comme un prétexte.
Comme toujours avec Sylvain Tesson, l'aventure est bien plus vaste. Introspection, réflexions sur nos sociétés modernes et le devenir de l'Homme. Admiration et adoration devant une Nature qui sait être cruelle et sublime à la fois.
Quelques rencontres furtives émaillent le récit de cet indécrottable ermite.

La littérature n'est-elle pas -avant tout - aventure, dépaysement, réflexions solitaires ?
Tesson en est passé maître et c'est du bonheur sur papier que de le suivre.
Un moment de lecture éternel !

Frunny - PARIS - 58 ans - 13 mai 2015


Sur les pas de Sławomir Rawicz 9 étoiles

Afin de jauger de la possibilité du très controversé Sławomir Rawicz, Syvain Tesson chausse ses bottes de sept lieues et chemine des confins sibériens au toit du monde.
En chemin, il fait des rencontres tels ces 3 moines en pèlerinage vers Lassa, les ivrognes des rives de la Lena et du Baïkal, les nomades mongols,...un bien beau récit de voyage servi admirablement par la plume talentueuse de l'auteur...
On a envie d'être à sa place mais avec le recul, les -10° dans la tente sur le plateau himalayen, la vermine et les tracas de l'administration, décidément mal planétaire, font qu'on se contente de lire cette belle aventure en tirant son chapeau à l'aventurier qui a récemment failli laisser sa peau à force de jouer avec le destin.

Vince92 - Zürich - 46 ans - 29 avril 2015


L'aventure à pieds 8 étoiles

Cherchant à refaire une des marches des évadés du Goulag soviétique, Sylvain Tesson nous restitue un étonnant itinéraire partant de Iakoutsk en Russie pour aboutir à Calcutta en Inde. Le récit de cette marche, de ses difficultés, des moyens empruntés pour avancer autres que les pieds, des paysages, des gens rencontrés nous plonge dans une extraordinaire atmosphère qui bouscule notre petit confort occidental. C'est là son principal mérite, même si les évènements du récit ne sont pas tous rapportés de manière intéressante.

Falgo - Lentilly - 84 ans - 2 mars 2014


Bourlingueur et arachnophobe 9 étoiles

J'avais également été fortement impressionné par " La Chevauchée des Steppes " que l'auteur avait réalisé, en vrai de vrai et en livres, avec son amie Priscilla Telmon. En écoutant Sylvain Tesson sur le Rtbf, je n'ai pas hésité à acheter ce livre et ma première impression se révéla être la bonne : récit remarquable !

CCrider a bien résumé le livre et je m'en tiendrai là.
J'aime à épingler certaines phrases, idée ou concept. Ainsi :

- ( à la première page ) : " J'ai gagné la gare du Nord en métro. Je trouve ça très chic de prendre le métro pour aller en Sibérie. "

- de Inna, prisonnière du goulag soviétique :
" Je n'ai jamais compris pourquoi on m'a envoyée couper du bois vingt ans sur les bords du fleuve Amour ! "

- Divers conseils si tu rencontre un ours :
* Se transformer en tronc d'arbre.
* Ne pas y penser.
* Lui parler.
* Ne rien dire.
* Ne pas le regarder.
* Frappe un arbre avec un bâton.
* Ne pas faire le moindre bruit.
* ...
* Le mieux, essaie de ne pas le rencontrer.

- " En Chine, " La libération Internet " est la meilleure prophylaxie qui ait jamais été mise au point contre la révolution.

A quand les prochaines aventures de Sylvain Tesson ? On en redemande ...

Catinus - Liège - 72 ans - 2 septembre 2005