L'Apocalypse heureuse
de Stéphane Lambert

critiqué par Pucksimberg, le 15 juin 2023
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Coucher sur papier ses traumatismes pour trouver la paix
Ce texte de Stéphane Lambert est presque présenté comme une auto-analyse. L’écrivain se livre dans ce récit à une réflexion sur les éléments qui ont fêlé son existence. De façon sincère et autobiographique, il explique ce qui a pu briser une part de lui-même, ce qui converge vers le caractère apocalyptique énoncé dans le titre. Il évoque très rapidement cet ami de famille qui a abusé de lui alors qu’il n’avait que 10 ans. L’auteur enfant pensait vivre une histoire d’amour d’un an avec cet homme. Il évoque aussi ses parents qui ne lui ont pas permis de se construire normalement, avec une mère dure dans ses propos et un père avec lequel la communication a été longtemps rompue. Et puis viennent les amours contrariées, la maladie d’un proche …

Cette réflexion sur son existence naît au moment où il va entamer une psychothérapie. Le hasard joue des tours parfois et le médecin se trouve dans le même immeuble que l’ami de famille qui a abusé de lui. Tout est rassemblé pour qu’il plonge dans son passé pour comprendre, expliquer, mettre des mots sur ce qui le hante. L’écrivain reconnaît ici le caractère salutaire de l’écriture, véritable exutoire et thérapie. Le roman (en est-ce véritablement un ? ) suit les pensées et les interrogations de l’écrivain. Nous avons le sentiment de suivre le cheminement de ses idées, ses avancées quant à ses diverses épreuves … Ce qui aurait pu être intime et tu est donné à lire à l’écrivain. Il y aurait presque un intérêt psychanalytique dans la lecture de cette œuvre qui permet de voir comment on ne se remet pas de certaines blessures ou alors comment parfois on peut retrouver un apaisement malgré tout.

J’ai beaucoup aimé l’écriture de cet auteur que je découvre. Elle est travaillée, élégante et précise. Elle nécessite une lecture plutôt lente afin d’entrer dans les méandres de l’esprit de l’auteur. Il a obtenu prix Victor Rossel en 2022 ce qui permet de couronner un texte de qualité. Il n’empêche que ce travail de compréhension sur soi a eu parfois tendance à m’exclure du récit. Plutôt que de lire un récit parsemé de réflexions, j’ai eu plutôt tendance à penser que je lisais une auto-analyse qui s’appuyait sur des passages narratifs venant illustrer une réflexion. Ce cheminement a un enjeu indéniable pour l’écrivain, pour ma part, en tant que lecteur, j’y ai moins trouvé d’intérêt même si je reconnais le courage qu’il a fallu pour affronter certains épisodes qu’il a vécus et pour raconter certains points personnels. Je trouve sa démarche noble mais j’ai été laissé parfois sur le bas-côté. Ce n’est sans doute qu’une question de sensibilité