C’est une courte histoire (85 pages, ¾ d’heure de lecture) que nous offre Régine Deforges, où le malaise vient peut-être de ce que les genres s’entremêlent sans vraiment se trouver. Perle est enfant lorsqu’elle passe des vacances à la chaleur du Sud-Ouest, chez sa grand-mère, qu’elle voit revivre un amour de jeune fille avec un vieux berger de sa jeunesse toujours voisin, juste avant de mourir en lui laissant sa maison et son collier de perles favori. Quelques années plus tard, dans la froideur de l’hiver, Perle devenue adulte revient s’installer dans la maison familiale. Elle retrouve l’amitié d’Etienne, le vieux berger qui pourtant ne semble jamais vieillir et rencontre l’amour, simplement, avec le premier venu (oui, vraiment, le premier qui passe). La forme courte ne réussit pas cette fois à Régine Deforges : pas le temps de creuser ses personnages, pas le temps de bâtir une intrigue. Tout est simple comme la vie rurale d’antan, décors champêtres et bucoliques, transmission d’un patrimoine et d’un art de vivre et d’aimer. A cela s’ajoutent quelques lignes érotiques qui contrastent avec le reste (la grand-mère a l’air d’avoir vingt ans) et la Perle moderne du temps présent (avec téléphone portable) trouve le moyen d’accoucher en plein champ. Comme si tout le temps, tout le monde se trompait d'époque. Non vraiment, qu’a bien pu vouloir nous dire l’auteur ? Des souvenirs et des regrets, qu’il ne faut jamais laisser passer un amour qui se présente, mais toujours le vivre dans l’instant ? Un récit dont je ne sais trop que faire… roman du terroir pour mamie nostalgique, roman d’amour teinté d’érotisme ? Ni tout à fait l’un, ni tout à fait l’autre. Un hybride assez maladroit ?
Laure256 - - 52 ans - 13 décembre 2004 |