L'alphabet du silence
de Delphine Minoui

critiqué par Pacmann, le 2 juillet 2023
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Istanbul, métropole des paradoxes
Göktay et Ayla sont deux professeurs d’université à Istanbul. Ils sont les heureux parents de Deniz, une petite fille de 7 ans espiègle et adorable éduquée dans une bulle d’ouverture et de tolérance. Mais en 2016, le sultan Erdogan met en route une répression qui emporte Göktay qui se fait embastiller pour avoir signé une pétition jugée comme une trahison à la nation.

C’est alors qu’Ayla se lance dans une croisade pour faire libérer son mari au péril de sa propre liberté.

L’autrice décrit une situation politique et l’ambition de l’AKP de vouloir libérer le peuple turc des dogmes laïcs de l’héritage de Mustapha Kemal. Mais cette ambition, soutenue par des personnes ouvertes, s’est progressivement retournée contre ceux qui pensaient que ce changement de régime allait vers plus de liberté. Le dogmatisme laïc a été progressivement remplacé par un autre de type religieux, sans pour autant que la mémoire d’Atatürk soit effacée. La tentation despotique a bien surgit chez le nouveau sultan.

J’ai lu ce roman, rédigé sous forme de très courts chapitres et inspiré de faits réels, lors d’un séjour dans la métropole turque. Même si ce livre n’est pas tout à fait un guide touristique, on retrouve cette ville bouillonnante, agitée qui est la synthèse de deux mondes tout en en étant pleine de paradoxes.

Paradis des chats, animée par des appels à la prière dans une indifférence quasi générale, Istanbul vous invitera sans crainte à en faire sa découverte ainsi que ses habitants d’une amabilité exemplaire, sauf peut-être quelques fonctionnaires.