As Time Goes By: Portraits 1982, 1988, 1997, 2014
de Barbara Davatz

critiqué par JPGP, le 27 mars 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Barbara Davatz : portraits
Tout commence en 1982. Barbara Davatz photographie douze jeunes couples de la scène zurichoise. Elle ne pensait pas qu'elle y serait encore trente ans plus tard à leur chevet. Son livre donne à voir le passage du temps. Parfois les couples perdurent, parfois ils se séparent. Parfois ils ont des enfants ou fondent de nouvelles familles. Parfois aussi il ne reste que l'un des membres.

Dès l'origine Barbara Davatz avait posé une règle : les photos seraient prises en noir et blanc à l’aide d’un appareil 4x5. "Le noir et blanc renforce le détail et préserve une certaine neutralité là où la couleur distrait" précise-telle. Elle a demandé à ses couples de regarder l'appareil et de prendre le visage le plus neutre possible. Selon elle l'absence d'émotion crée une photo plus mystérieuse qui crée une interférence avec les regardeurs qui - forcément - s'y projettent. Tout reste à imaginer au sein de sauts temporels.

Le résultat comme le prouve ce livre est plus qu'intéressent. La vieillesse approche. Parfois elle est déjà là. Tout avance là où, par la bande, se crée la narration d'une histoire sociale à travers les modes de chaque époque. Et il est passionnant de s’interroger sur le temps qui passe.

La photographe offre ainsi une distinction à qui est habituellement remisé dans l'ordre de l'invisible parce que tout passe et disparaît. Ici à l'inverse déplace les lignes - des visages entre autres - et détourent les traits de l'habituelle instantané pour le transformer en durée.

Jean-Paul Gavard-Perret