L'oreille de Kiev
de Andreï Kourkov

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 23 mars 2023
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Une époque incroyable et fantasmagorique.
Nous sommes en Ukraine dans les années 1920. Le nouveau régime soviétique, soutenu par l’armée Rouge, s’installe à Kiev dans un désordre invraisemblable. Les populations se soumettent bon gré mal gré mais les opposants, principalement les Cosaques armés de leurs sabres, font régner la terreur.
A part les suppôts du nouveau régime qui réquisitionnent à qui mieux-mieux, les populations manquent de tout. Alors, on pille, on tue, on vole, on met le feu partout…
Mais tout ça nous est raconté d’une façon bonhomme, comme si c’était naturel et, curieusement, le lecteur s’amuse.

Notre héros, Samson, sait écrire ; alors, parce qu’il faut bien vivre, il s’est engagé dans la police du nouveau régime. Il est chargé « de rédiger les déclarations d’assassinats, de vols et de pillages, qui seront transmises au service d’investigation criminelle et judiciaire ; ce service se chargera de les déposer immédiatement dans les archives ». En échange, il reçoit des coupons pour la cantine soviétique.

S’ensuit une enquête inquiétante et rocambolesque. Mais elle est racontée d’un ton patelin, avec un humour doucement ravageur, de quoi amuser le lecteur du début à la fin.
En fait, cette enquête est prétexte à nous montrer la vie à Kiev quand s’est installé le régime soviétique qui, en attendant le jour du Grand Soir, est encore loin d’être le Paradis Terrestre promis par les Bolcheviks  !

Évidemment, il ne faut pas s’attendre à une étude approfondie de l’idéologie marxiste. L’auteur, Andreï Kourkov, nous dit en page quatre couverture : « j’ai eu envie de raconter cette époque incroyable et fantasmagorique » ; il n’a pas raté son coup. Et il nous annonce une suite. On s’en réjouit déjà.