L'ile des esclaves : Suivie de La colonie
de Pierre de Marivaux

critiqué par Froidmont, le 22 février 2023
(Laon - 32 ans)


La note:  étoiles
Au seuil d'une bonne idée
L’île des esclaves
Un maître et son esclave s’échouent sur une île où l’esclave est le maître et le maître l’esclave. Ils échangent leur rang : le fort devient débile, et le maître comprend ce que c’est qu’être brave. Une maîtresse aussi à pareille méthode apprend en remettant force et emportements aux mains de sa suivante à quel prix est sa mode, tirant de l’aventure un même enseignement.

La colonie
Les hommes se rassemblent pour faire des lois, faire naître d’icelles un ordre nouveau ; mais les femmes ne sont pas de cet avis-là. Pourquoi toujours des hommes au trône là-haut ? Elles s’unissent donc, veulent l’égalité. Auront-elles leur dû ? Les hommes pourront-ils vaincre les prétentions des femmes révoltées et garder pour eux seuls le contrôle de l’île ?

Deux textes assemblés qui ont la même force : l’impertinence vive et la légèreté, la réplique cinglante et ce qu’il faut d’entorse pour distraire en disant de grandes vérités.
C’est aussi là-dedans que pèse leur faiblesse. Marivaux était homme à ménager l’accueil : son talent est complet, mais sa délicatesse a fait que son idée en est restée au seuil. En homme de son temps, il n’était pas pensable de mettre par deux fois tout l’appareil social en défaut et en branle. Ce n’est pas acceptable ! On l’eût dit séditieux, on l’eût reçu fort mal. Mais l’œil de notre temps voit deux œuvres tronquées, des idées en brouillon, disons presque une honte quand ces deux parenthèses se vont refermer et que tout n’a servi à rien au bout du compte.