Tempête pour les morts et les vivants
de Charles Bukowski

critiqué par JPGP, le 22 février 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Chares Bukowski dans tous ses états
Romain Monnery a déjà traduit ici un recueil de poèmes (et de dessins inédits) parus dans divers magazines, conservés dans des bibliothèques et collections privées et reprend de "Sur l'écriture" une anthologie de textes inédits sur l'écriture et le quotidien de cette véritable icône de la contre-culture américaine

Dans ce livre, l'art de reluquer les femmes et de porter attention sur les chats qui transportent les secret du poète ivrogne est restitué dans ces deux ensembles disparates mais essentiel car subversif bien loin d'une écriture de pilier de comptoirs. L'écriture est coriace pour faire sortie de son coeur arrosé de whisky "l'oiseau bleu qui veut s'échapper" mais que l'auteur retient de manière astucieuse. Il sait qu'il est là mais ne le laisse chanter qu'un peu et sans pleurer.

Se moquant de l'obscurité Bukowski trouve par la poésie un moyen d'être toujours vivant en épuisant déchets organiques et feuillets poétiques écrits lorsque dit-il il est trop bourré pour aller au delà de des brimborions narratifs. Il tient à son côté sculpteur pour prendre aux tripes par les sonorités.

On veut faire le lien entre Lowry et lui à cause de la bouteille, mais le premier trouve le second sans vie et sans soleil se nourrissant de plus que de "blablabla". "Buk" cherche l'énergie; la saveur pour faire passer du jus d'envie. Trop pour lui d'écrivains endorment et il opte pour une écriture plus "électrique".

C'est pourquoi l'auteur à horreur de la description. Avec sa manière physique d'écrire devant sa machine qui ressemblait à un tank près de son évier. Encore aujourd'hui bien d'es intellectuels estiment que sa poésie ne vaut pas un clou. Mais pour beaucoup de lecteurs il reste le seul poète trop caricaturé en France par l'épisode fameux de l'émission de Pivot.

L'auteur peut être parfois méchant et a trahi des amis car il avait le vin mauvais. Des règlements de compte sont là mais il y est question de musique et de littérature : Malher, Bach, Boris Vian, Céline, Tourgueniev, Fante, Carson Mac Cullers mais, assassine Henry Miller et ceux qu'il considère comme les dégénérés de l'écriture, "enfoirés", "alambiqués" et appliqués "enculeurs de poulets". Fanatique des champs de course, il y respire le soleil pour ensuite y aérer ses poèmes. La clarté est sa seule doxa. Il cherche l'honnêteté (qui n'est pas forcément la vérité) et la brutalité.

Jean-Paul Gavard-Perret