Les guerres d'Italie: Un conflit européen
de Didier Le Fur

critiqué par Vince92, le 13 novembre 2023
(Zürich - 46 ans)


La note:  étoiles
Nouvelle donne
Les Guerres d'Italie commencent lorsque Charles VIII décide de réclamer l'héritage angevin sur les royaumes de Naples et de Jérusalem en 1494.
S'appuyant sur quelques alliances avec certains des Etats de la péninsule et un art consommé de la guerre né notamment par la maîtrise de l'artillerie, le souverain français parvient à chasser les Aragonais de Naples et à établir ses droits sur royaume. La domination de la fleur de lys ne sera que provisoire, bientôt le Pape, l'Aragon et Venise s'unissent dans une alliance inédite pour chasser les Français de la péninsule. C'est le début des onze guerres d'Italie qui s'achèveront en 1559. 1494-1559... 66 ans de conflits qui sont peu ou pas étudiés dans l'historiographie grand public... nous connaissons Marignan (1515) et peut-être Pavie. Mais des causes et des détails de l'affrontement les deux principales puissances européennes de l'époque, le grand public n'a pas beaucoup de connaissances.
Les éditions Passés/Composés corrigent en partie ce manque en éditant ce livre sous la direction du moderniste Didier Le Fur. L'approche est originale du point de vue français: chacun des chapitres examinant le point de vue d'un des protagonistes des guerres d'Italie. C'est bien sûr celui de la France, du Saint-Empire romain, des cantons suisses, de la Savoie, plus étonnamment de l'Empire ottoman mais aussi des Etats péninsulaires comme Venise, Milan, Florence, Sienne, les Etats du Pape, Mantoue et Ferrare.
Comme dans chaque ouvrage collectif, les différentes parties sont hétérogènes. Certains chapitre éclairent par leur concision et la qualité d'écriture la situation (je pense au chapitre sur l'Empire ottoman) d'autre en revanche alignent les noms, date et détails qui embrouillent le propos. Plus grave, il n'y a pas d'idée directrice, se succèdent des chapitres dans lesquels on retrouve certains événements sans vision globale: à croire que le travail de direction a uniquement consisté à assembler ces chapitres particuliers sans offrir une compréhension globale des événements ni des motivations de chacune des parties impliqués dans les conflits.
Le lecteur reste donc en partie sur sa faim d'autant que les outils qui accompagnent généralement ce genre d'ouvrage manquent à l'appel: pas de chronologie, pas de bibliographie commentée pour chacune des parties évoquée, cartes présentes mais livrées "brutes", i.e. sans dynamique ni comparaison. C'est un peu décevant mais parmi les points positifs, le lecteur retient de toute façon quelques éléments du fourmillement des connaissances rassemblées dans l'ouvrage.