Art et Féminisme
de Peggy Phelan, Helena Reckitt

critiqué par Septularisen, le 17 février 2023
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
ART FÉMINISTE? NON! ART ET FÉMINISME!
Récemment «échaudé» par la lecture d’un livre sur l’art du XXe S. qui ne présentait qu’une seule femme dans sa sélection (ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/64886), j’ai voulu prendre la contrepartie de cet «état de fait» qui, non seulement me semblait complètement injuste, mais encore totalement aberrant!

Donc, me voici en train de vous faire une recension du livre de Mme. Helena RECKITT (écrivaine et organisatrice de projets artistiques, directrice pédagogique du Contemporary Art Center d'Atlanta, USA), qui ne présente que des artistes… femmes! Cet ouvrage vise à définir un domaine se situant au point de rencontre entre l’art et le féminisme et leurs points communs. Il rassemble les travaux et les expériences de nombreuses artistes, par périodes historiques.

Il m’est bien entendu impossible de parler des 150 artistes des années 1960 – 2000, sélectionnées par l’auteur, mais je peux vous parler des différentes périodes présentées :

Les années 60 : Des artistes femmes, appartenant notamment au mouvements du Pop Art, du Land Art et du Body Art, commencent à intervenir directement dans le milieu artistique. Le féminisme fait ses premiers pas. Le corps des femmes, voire des artistes, devient le centre des œuvres. Cette période verra l’éclosion d’artistes comme : Alice NEEL (1900 – 1984), Niki De SAINT-PHALLE (1930 – 2002), Eva HESSE (1936 – 1970), Louise BOURGEOIS (1911 – 2010), Yoko ONO (*1933)...

Au début des années 70 : Si le mouvement artistique engendré par le féminisme est reconnu, les femmes veulent partager leurs histoires et œuvrer pour un changement social. Rebecca HORN (*1944), Annette MESSAGER (*1943), Judy CHICAGO (*1939), sont quelques-unes des artistes les plus connues de cette période.

Dans les années 80 : Les plus grands musées ont présenté des œuvres d’artistes femmes. Les plasticiennes cherchent à critiquer l’ordre établi ainsi qu’à dénoncer la notion de pouvoir du père. Cindy SHERMAN (*1954), Barbara KRUGER (*1945), Sophie CALLE (*1953), Nan GOLDIN (*1953), Marina ABRAMOVIC (*1946), ORLAN (*1947, de son vrai nom Mireille PORTE), Georgia O`KEEFFE (1887 – 1986), les «Guerrilla Girls» (Ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/62773), sont les noms les plus connus.

Dans les années 90 : Si certaines artistes sont maintenant connues et reconnues internationalement, les plasticiennes parlent maintenant ouvertement de viol, d’avortement, de SIDA et de la marginalisation constante des femmes dans les institutions du monde de l’art. Les noms qui reviennent le plus sont : Mary KELLY (*1941), Rosemarie TROCKEL (*1952), Rachel WHITEREAD (*1963), Helen CHADWICK (1953 – 1996)…

Début des années 2000 : Au-delà de nombreuses controverses, certaines artistes ont continué à décrire le quotidien, s’intéressant aux situations banales, aux espaces et aux rencontres de hasard. On citera notamment : Vanessa BEECROFT (*1969), Pipilotti RIST (*1962), ou bien encore Mona HATOUM (*1952…), Jenny HOLZER (*1950)…

L’ouvrage comporte un essai de Peggy PHELAN (*1959, théoricienne de l'art et de la performance) sur les interprétations classiques de l'art des femmes et propose des clés pour comprendre les rapports entre les idées du féminisme et les pratiques artistiques. Il y a aussi des biographies succinctes de chacune des artistes présentées, à la fin d’ouvrage.

Un livre simple d’accès, pouvant être mis entre toutes les mains, dont le seul reproche mineur que je pourrais lui faire, sont les reproductions des œuvres d’art, parfois vraiment trop petites pour pouvoir être regardées en détail et bien en profiter…

P.S. : Il existe plusieurs éditions différentes de ce livre, ma recension concerne celle de mars 2005, il est donc possible que des différences existent avec les éditions publiées postérieurement à celle-ci.