Polaroïds, Textes, poésies et instantanés
de Alain Marc, Jean-Marc André (Dessin)

critiqué par DT, le 1 février 2023
( - 64 ans)


La note:  étoiles
Polaroïds, Textes, poésies & instantanés, Alain Marc
La quatrième de couverture déflore le concept, écrire très près de l’objectif, très près du sexe, en érection… Pour les âmes sensibles ne pas s’abstenir il faut dépasser le dégout pour gouter l’autre, aimer et jouir… Le propos est clinique pour que la précision soit instantanée, et la sensation, extraite. Parler de sperme, de pisse, de merde sans que l’idée ne soit la provocation est une performance curieuse. La pornographie se nourrit de gratuité et d’obscénité pour provoquer une réaction de refus ou d’adhésion. A ce titre « Polaroïds » est bien entendu une œuvre pornographique mais pas seulement. Sa concision dans le propos comme dans la description en font une œuvre immédiate, réflexe et éphémère à la fois. Ce n’est pas un cliché que dire est l’image de l’esprit, que le mot est l’image de la parole, que l’image est le mot des sens. La poésie érotique se nourrit de tabous, de fantasmes et de provocations. Elle exprime la passion aliénée au désir refoulé, le passage à l’acte lié à la libération des sens. « Polaroïds » extrait de la pensée la presque image, le presque mouvement, le presque instant qui produisent la répugnance et l’objectif avide de l’acte sexuel sous toutes ses formes. A ce titre, il est intéressant de se confronter au mot comme à l’image. De cet affrontement violent, douloureux et stigmatisant ne restent que les pensées qui peuvent être oubliées. Ou magnifiées !!! De ce brut échange sensuel illustré par des œuvres explicites du peintre Jean-Marc André, reste la poésie étrange et viscérale de l’immédiateté du désir.

Didier Trumeau