Claude Simon à New York
de Lucien Dällenbach

critiqué par Septularisen, le 31 janvier 2023
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
PORTRAIT DE CLAUDE SIMON EN ARTISTE.
A l’automne 1982, l’auteur, Lucien DÄLLENBACH (*1940), professeur de littérature française à l’Université de Genève, se rend à un colloque d’une semaine sur le nouveau roman français. Thème somme toute banal, si celui-ci ne devait se tenir à New York (et plus précisément à Manhattan), et surtout s’il n’avait comme ami intime, un des principaux représentants de ce même nouveau roman, à savoir M. Claude SIMON (1913 – 2005). (1)

En 2013, pour le centième anniversaire de la naissance de Claude SIMON, Lucien DÄLLENBACH se remémore ce voyage à New York, et surtout la fascination que cette ville exerçait sur l'auteur français. Pour cela, il a repris et retravaillé son agenda, sa correspondance avec l’auteur, ses notes, son journal, et ses photos.
Le résultat n’est pas,- comme on pouvait trop facilement s’y attendre -, un hommage à l’écrivain Prix Nobel de Littérature, mais un petit récit, agrémenté de quelques photos, - tour à tour roman d’apprentissage, initiation et passerelle vers la lecture des livres de Claude SIMON, récit d’aventure, essai critique, récit de voyage, essai esthétique -, dans lequel M DÄLLENBACH, essaie de nous expliquer en quoi cette ville avait tout pour être aimée par Claude SIMON. Une ville composite, hétérogène, postmoderne, sans cesse en mouvement, fragmentaire, tout en ruptures, construite comme une mosaïque... Bref avec un étonnant air de famille avec l'œuvre de Claude SIMON elle-même.

Que dire de plus? C’est parfois un peu décousu, et d’une construction tout sauf linéaire, c’est assez court (une centaine de pages), mais très dense et donc difficile à lire. Il faut rester bien concentré, par contre rien à redire c’est toujours intéressant. Je ne peux pas tout vous raconter dans une si courte recension, mais aussi de peur de trop en divulgâcher. Disons qu’on découvre p. ex. la grande passion de l’écrivain pour les musées (MoMA (2), MET etc…), et certains artistes peintres et sculpteurs.
P. ex. en plus de quelques grands classiques: Piero della FRANCESCA (1412 – 1492), Nicolas POUSSIN (1594 – 1665), Paul CÉZANNE (1839 – 1906), Henri ROUSSEAU (1844 – 1910), Pablo PICASSO (1881 – 1973)... Des peintres plus méconnus : Julian SCHNABEL (*1951), Morris HIRSHFIELD (1872 – 1946), Louise NEVELSON (1899 – 1988)… Mais, aussi certains peintres du Pop Art: Robert RAUSCHENBERG (1925 – 2008), Vitaly KOMAR (*1943) & Alexandre MELAMID (*1945), et bien sûr Jean DUBUFFET (1901 – 1985), qui était aussi un de ses amis personnels.

On s’étonnera quand même de quelques réflexions disons… A «l’emporte-pièce» de l’auteur, comme p. ex. Pg. 39, quand il écrit de Mark ROTHKO (1903 – 1970) qu’il est «Un peintre célèbre» (??). Pg. 47, quand il nous dit être: «si souvent allé voir les lumières de New York s’allumer au crépuscule du haut de l’Empire State Building, que je serais bien en peine d’affirmer que nous y sommes allés ensemble» (??). Ou bien encore, quand il nous dit Pg. 116, la phrase: «la forme d’une ville/Change plus vite, hélas que le cœur d’un mortel», tout en oubliant de citer son véritable auteur, à savoir: Le poète français Jacques ROUBAUD (*1932). (3)

Voilà, il n'y a pas grand chose de plus à dire sur ce livre. Lire ce récit est une manière d'entrer dans l'écriture de ce très grand auteur qu’est Claude SIMON, et pourquoi pas de découvrir son écriture musicale, sensuelle et finalement bien plus concrète qu’on pourrait le croire…

(1) : Ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/575
(2) : Ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/17537
(3) : Ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/27635. La phrase exacte est d’ailleurs : «La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur des humains».