Parlando
de Dominique Preschez

critiqué par JPGP, le 31 janvier 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
L'intensité de Dominique Preschez
Le livre de Preschez est brûlant de vie (et d'actualité du moment) par effet retour suite au plus grand des voyages : celui qui a porté son auteur - suite à un AVC et une "mort clinique" - sur des chemins où la mémoire vive pau à peu reprend place et ce dans la suite de son "La trille du diable" (Tinbad, 2018).

Celui qui est poète, écrivain mais aussi musicien livre ici en fragments ce qui remonte peu à peu mais aussi les choses vues qui parfois se mélangent (très astucieusement) chez celui dont peut se résumer le livre par un de ses aphorismes " :"La vie par la vie, avec la vie, transmet en la vie ta vie".

Elle est plus forte que tout à celui qui en a connu les bords et qui retrace ici en une "lettre volée" ce qu'il nomme "l'éphéméride de nos années perdues". Parlando (comme l'indique le titre) elles revivent en divers déplacements là où sous le "je" se manifeste le "ça" freudien si bien qu'une nouvelle grille de lecture voit le jour dans les fractures du livre.

La pensée y devient plus profonde, car par transfert de conscience que la maladie a induit, des déblocages voient le jour. "Ce qui reste du sens" n'est pas un moindre rebus. Il "nait d'une foi inventée" qui est plus forte que les transcendances car se crée un désir particulier par le réévaluation de ce qui est loin des emprises qui s'oublient en une telle "épreuve".

Les seules qui demeurent sont celles de Brahms, Ravel, Boulez ou les "ardoises" de Raoul Ubac. Elles affleurent partout : au bar du coin comme devant le lac Léman. Bien des clusters du vivant s'y retrouvent non confinés mais génère ce qui avance au moment où le livre rappelle ce que nous venons à votre tour de traverser collectivement.

Jean-Paul Gavard-Perret