Économie Domestique
de Anne Van der Linden

critiqué par JPGP, le 24 janvier 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Poupées brisées, diablesses et fées d'Anne Van Der Linden
Anne Van Der Linden (cofondatrice de la revue Freak Wave) met le paquet. Disons le tout cru : ses femmes sont des mangeuses d’hommes et de leurs phallus qui ne se cachent plus. Sinon entre leurs cuisses ou dans leurs bouches. Sans autre dieu elles les habitent avec air grave et soupirs mais parfois avec un grand rire, joie et plaisir.

Pas besoin de mots pour les dire là où chaque membre se déguste du bout des doigts ou des lèvres. Grâce à lui la nuit est brûlante et la douleur s’oublie. C’est pourquoi les femmes de l’artiste ne sont jamais sages et ne se privent ni de leurs mains ni du reste.

Il faut au besoin battre leur croupe pendant qu'elle est chaude de caresses bien douces pour réjouir ces abbesses du démon qui rendent le quotidien étrange. Leur présence est aussi difficile à nier qu'à affirmer. Les craignons-nous ?? Les chérissons-nous ? Toujours est-il qu’avant de nous présenter le miroir dans lequel nous nous imaginerions, Anne van Der Linden nous accorde à leur pure contemplation.

Dans ce livre les femmes s’enchaînent aussi déliées que liées. Dans l'escarpement du vallon existe toujours un minuscule filet de lave en fusion. Tout s’embrase d’un coït de la vie. Demeurent des étourdissements de démesure, des trombes de douceur à outrance, des dérives dans l'anse cambrée de dunes tout y est.

Eros au sein de tels contes devient effluve d’un souffle qui dépasse les capacités pulmonaires. Mais par delà la poésie visuelle enjambe l’univers presque au delà de l’imagination la plus vertigineuse. A l’exaspération du plaisir de l’homme fait place celle de sa compagne. Une fois n’est pas coutume. Mais l’artiste le revendique pour elle comme pour toutes les autres femmes un autre droit que celle de «  poupée qui parle ». Est-ce là trop demander à son partenaire ?

Jean-Paul Gavard-Perret