Synopsix
de Angélina Delcroix

critiqué par Dervla3012, le 14 janvier 2023
( - 18 ans)


La note:  étoiles
Un achat qui fut une erreur
De quoi ça parle ?

Mallory n’a pas la vie facile : rejetée par sa famille, sans-le-sou, travaillant dans un bar où sa patronne ne cesse de lui chercher querelle, elle rêve de changement. Ainsi, lorsque dans sa boîte mail, elle découvre une invitation à un jeu d’enquête avec une forte somme d’argent à la clé, elle n’hésite pas très longtemps.

Les règles : résoudre des énigmes et élucider une série de meurtres dans une course contre la montre avec d’autres participants.

Une condition : n’en parler à personne sous peine de disqualification.

Si elle doute au départ de l’authenticité de ce concours, bien vite, les évènements ne laissent plus place au doute tandis que la situation lui échappe. Avec des épreuves de plus en plus intimes et pernicieuses, Mallory ne pourra bientôt plus se dépêtrer de la toile d’araignée. Et lorsqu’elle se réveille, après avoir été droguée, à des kilomètres de chez elle, perdue au fin fond de la montagne devant un manoir enneigé, il est déjà trop tard. Pas âme qui vive dans la grande bâtisse délabrée ; mais la nuit, la jeune femme entend à travers les murs, les cris d’un atroce désespoir…

Mon avis :

Par où commencer ? J’en perds mon latin… Ce livre remporte-t-il la palme du pire roman sur lequel mes yeux se sont jamais arrêtés ? Peut-être bien. Soyons donc méthodiques.

Les personnages, tout d’abord. Peut-être les plus ineptes qu’il m’ait été donné de lire. Bêtes comme leurs pieds – si je puis dire –, ils (Mallory…) s’engagent dans des aventures scabreuses et évidemment dangereuses avec la naïveté d’enfants de chœur : sous prétexte de déterminer jusqu’où cette aventure (qu’ils reconnaissent comme étant une arnaque) a poussé la comédie. Par ailleurs, la jeune femme susmentionnée, cherchant des poux dans toutes les têtes, ne peut passer une heure sans crier à l’injustice de la société qui la maltraite – y compris quand un personnage ose la gratifier d’un malheureux surnom tel que « Mallo ». L’outrecuidant se fait rembarrer avec cette fine et subtile remarque : « C’est mal aux couilles que tu vas avoir ». Flaubert n’aurait pas fait mieux en matière de galéjade. Son caractère de tête brûlée, dont elle ne cesse de se vanter, ressemble plutôt à une stupidité aveugle tandis qu’elle se laisse droguer, kidnapper et dévaliser sans que cela suscite plus de réaction chez elle que le désespoir causé par la disparition de ses chères et inséparables cigarettes et bières.

Nous en arrivons donc naturellement aux péripéties : une fois qu’elle a surmonté la déception que fait naître chez elle la perspective d’une sobriété forcée dans un manoir perdu au milieu de pics enneigés, Malauxcouilles fait preuve d’une apathie de vache laitière. Ses préoccupations se résument principalement à manger et dormir. Quand bien même elle entend, en pleine nuit – alors qu’elle est censée être seule dans la baraque à l’abandon – d’épouvantables cris de souffrance, elle se contente de chausser ses écouteurs pour la nuit et d’oublier l’incident le lendemain matin. Cette veulerie semble d’ailleurs s’étendre à sa personne qui, si elle ne s’effraie pas facilement (pas même du code de sa chambre qui correspond à son tour de poitrine), parle beaucoup pour ne rien dire (et surtout ne rien faire). Pour faire bref : l’intrigue est plate et ennuyeuse – ce qui est somme tout assez problématique quand le reste de l’œuvre est d’une vacuité affligeante. En effet, quand le principal moteur d’un thriller (le suspense) est absent, quel intérêt peut-on y trouver ?

Pour terminer, un point sur l’écriture s’impose. Sans parler des fautes de grammaire et autres coups bas contre la langue française : parlons du style. Tout de suite, un petit florilège :

« elle chasse l’idée d’un aller-retour latéral de la tête »
« elle ressent l’ampleur de l’amplitude thermique »
« la neige grince son dépucelage quand elle pose un pied dessus »
« elle rebrousse chemin en s’autocâlinant dans ses bras »
« Les résidus malsains de la nuit remontent subitement dans la gorge de la jeune femme » (ne nous appesantissons même pas sur celle-ci)

Une élève appliquée dans sa rédaction, qui tente de faire des «effets de style (pas très stylés)… Et puis toute cette accumulation de lieux communs et autres topoï, si maltraités qu’on croirait assister à leur mise à mort ! La relation sexuelle toxique entre Mallory et son voisin (« Elle se demande à quelle heure Vic est passé. S’il l’a regardée dormir […]. Elle aurait aimé […] l’attirer à elle sous la couette » – cette scène se déroule juste après un échange d’invectives et de noms d’oiseaux) ; le caractère tête-brûlée de la jeune femme (« Se poser des questions rentre en totale contradiction avec sa personnalité » – il est vrai que quand on est stupide, mieux vaut en être fière !) ; ou encore l’alternance de points de vue entre celui de Mallory et celui du psychopathe qui ricane tout seul dans son coin…

Bref, arrêtons ici le massacre, je pense que vous aurez saisi un échantillon de mon état d’esprit. En fin de compte, ma pensée peut se résumer ainsi : l’achat de ce livre a été une erreur.