Carcasses
de Philippe Cognée

critiqué par JPGP, le 14 janvier 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Philippe Cognée : parcours
Comme le prouve ce livre, dans l'oeuvre de Philippe Cognée tout se passe comme s'il fallait éviter que les chose, les sujets, les thèmes ne se ramassent complètement. C'est pourquoi au coeur même de la matière peinture, l'artiste atteint à la fois une densité de vide et une densité de vue en un lieu toujours peu ou prou tragique, un lieu ou plutôt des lieux qui ont sans doute à voir en dépit de leur ordonnancement sage (représentation de City Centres américains ou américanisés) avec l'enfer de Dante et celui de Blake.

Loin d’un formalisme radotant trop présent ces dernières années, ne reste qu’une ossification, de couleurs tranchées, une précarité nécessaire, dérangeante, capable d'exprimer une sorte de transparence, d'absence mais aussi de lutte pour la survie au-delà d'un temps humainement chiffrable en divers pans et séries plus ou moins larges de quadrilatères urbains.

Le travail de l'artiste cisaille ainsi cet univers de la ville où tout à la fois glisse et grince en des couleurs qui deviennent celles du danger et de sursis et qui agissent sur la toile pour signaler le spectre de l’urbain : la couleur (vive) n'est plus écran, elle est rupture, tension, trouble de vue, atteinte à l'épaisseur citadine et ses contrefaçons qu’à souligné sur un plan architectural Rem Koolhass. C'est ce qui crée l'originalité et l'émotion de l'oeuvre qui ne se précipite jamais dans le sentimentalisme.

L'émotion est limitée et renvoie en masse à quelque chose de corrosif et de cruel dans cet ensemble où existe en des espaces pourtant saturés, une sorte de liberté où la couleur s’installe avec fierté pour désir le désir de vivre dans l’enfermement de la cité. D'où dans ces "images" rien de flatteur mais l'épaisseur d'une attente qui ne débouche sur un silence sans nom.

Jean-Paul Gavard-Perret