Histoire intime de la Vᵉ République: La belle époque (2)
de Franz-Olivier Giesbert

critiqué par Falgo, le 12 janvier 2023
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Livre composite et curieux
Je n'ai jamais rien lu de FOG, l'ai entendu s'exprimer à la radio et vu à la télévision. Il m'est apparu terriblement prétentieux et la lecture de ce livre confirme cette impression. Il est donné par l'auteur comme une histoire de la V° République et, cela, il ne l'est pas. Il traite quelques sujets importants comme le terrorisme intellectuel exercé par Sartre (dont il fustige la couardise sous l'occupation allemande), Beauvoir et leur clique dans les années 1950-60 ou celui des maoïstes autour de Sollers, Macciocchi et autres dans les années suivantes, les opposant à un éloge de Simon Leys. Il écrit cela plus de 50 ans après, le sens en est émoussé et je ne sais ce qu'il a exprimé à l'époque, d'où une grande incertitude. Ensuite il traite de l'immigration et en dresse un tableau plutôt intéressant. Dans ses descriptions, il intègre largement ses réflexions sur les personnages en cause, exerçant complètement ses talents de journaliste renifleur d'alcôves et de couloirs. Point de vue qui commande les reste de l'ouvrage. Comme je ne peux me résoudre à l'accepter comme explication de la politique, même si il y joue son rôle, je reste sur ma faim en lisant ce livre me demandant qui pourra un jour écrire une histoire de la V° et quand cela sera possible. Les aperçus d'un tel opus sont à prendre pour ce qu'ils sont, certainement pas comme un livre d'Histoire.
Une époque à revivre 9 étoiles

Après De Gaulle dans "Le Sursaut" (où on abordait tout ce qui avait eu lieu durant la présidence du Général, aussi bien la guerre d'Algérie que Mai 68), Giesbert nous offre ici le tome 2 de son "Histoire intime de la Vème République", aussi épais que le précédent (400 pages bien tassées) : "La Belle époque".
Là, on entre dans du dur, avec les présidences de Pompidou et de Giscard d'Estaing, riches en événements. FOG continue aussi de parler de lui, de sa jeune carrière débutante de journaliste, de ses virées dans les nights avec ses collègues du Nouvel Observateur, des gauchistes (Sollers, Sartre), il égratigne beaucoup, aussi, abordant en filigrane l'affaire Matzneff, ceux qui, à l'époque, ne critiquaient pas la pédophilie, voire même la défendaient (et qui, tous, reviendront sur leurs opinions, par la suite), dingue de se dire qu'un tel et un tel a pensé ça, à une certaine époque qui n'était pas forcément belle.
Aussi passionnant, cynique, caustique et drôle que le premier tome. J'ai hâte de lire "Tragédie française," le fraîchement paru tome 3, qui aborde... le reste, de Mitterrand à maintenant. Rien que le titre en dit long...

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 6 novembre 2023


Nostalgie et contradictions personnelles 6 étoiles

Ce journaliste de grande notoriété assume sa subjectivité, le caractère personnel de sa présentation de la vue politique des présidences de Pompidou et Giscard d'Estaing, des souvenirs et états d'âme qu'il en gardés. La nostalgie de la grandeur gaullienne le hantait déjà, alors qu'il s'engageait dans une attirance-répulsion pour Mitterrand. Il s'est engagé à gauche, tout en assumant une part de conservatisme.
Il élude presque toutes les réformes importantes adoptées pendant cette époque, notamment l'importante loi Veil sur l'avortement, pour se centrer sur la jeu de la vie politicienne. Il divulgue bien des phases importantes sur le profil des différentes protagonistes, mais s'engouffre souvent dans des détails et anecdotes inessentiels et des jugements à l'emporte-pièce.
Autant le premier tome gardait une forme d'objectivité, autant l'intérêt du deuxième décroît, à mon sens assez sensiblement, du fait de ses intérêts, de ses goûts de l'heure, qu'il a l'honnêteté de rappeler. La lecture permet de se faire une idée du climat de l'époque, mais au profit d'un effort de recadrage. Ça a au moins le mérite de faire réfléchir et d'apprendre certaines choses.

Veneziano - Paris - 46 ans - 22 janvier 2023