Révélations et autres nouvelles
de Katherine Mansfield

critiqué par Débézed, le 7 janvier 2023
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Nouvelles de la bourgeoisie anglaise
Pour le collection Mikros classique des Editions de l’Aube, Julie Maillard a sélectionné cinq nouvelles parues dans le recueil Félicité publié par Katherine Mansfield en 1929 : « Félicité », le récit d’un diner entre quelques amis invités par une bourgeoise londonienne avec tous les non-dits et les faux-semblants qui permettent de sauver les apparences ; « Psychologie », déçue par une visite qui sent la rupture, une bourgeoise anglaise se venge sur une vieille dame pleine de bonnes intentions ; « La petite institutrice » ; le long périple d’une petite anglaise qui se rend à Munich partageant son compartiment avec un vieil homme qui se révèle être séducteur acharné ; « Révélations », Une bourgeoise contrariée se rend chez son coiffeur habituel qui n’est pas aussi enjoué qu’à l’accoutumé et pour cause…, « L’évasion », une femme qui subit toujours les retards de son mari mais ne s’en formalise pas autant qu’elle le pourrait….

Katherine Mansfield est une grande nouvelliste, elle a dominé le genre au début du XX° siècle. Avec son écriture d’une grande délicatesse et son style limpide, elle peint dans ce recueil un portrait sans concession de la bourgeoisie anglaise de l’époque. Ces nouvelles m’ont rappelé une très ancienne lecture de « La Garden party », j’y ai retrouvé cette même atmosphère, cette même envie de paraître, de cacher, de ne pas dire, de faire croire pour briller encore plus. Une sorte d’hypocrisie qui aurait affecté la bourgeoisie anglaise du début du XX° siècle, surtout les femmes dans ce recueil.

La finesse des sentiments décrits par Katherine Mansfield se nichent aux creux des petits riens, ces petits riens qui, en les agglutinant, constituent le socle de la vie, ces petits riens où le diable n’est pas le seul à se cacher, il y a aussi Eros en embuscade et même parfois Thanatos. Les nouvelles de Katherine sont pleines de couleurs qui donnent de la vie au texte mais surtout aux sentiments qu’elle dépeint avec beaucoup de finesse et, je dirais, même une certaine dose de perfidie.

Quel bonheur de relire ces textes du siècle dernier écrits par de grands auteurs, ces maîtres la langue qui semble désormais définitivement oubliée. Merci à l’éditeur de nous les proposer dans cette si belle collection.