La campagne d'Égypte
de Jacques-Olivier Boudon

critiqué par Vince92, le 27 février 2024
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Géopolitique aventureuse
1798... la Révolution française a accouché du régime du Directoire. La France est toujours en guerre contre l'Angleterre et l'on songe à faire une descente sur l'île. L'armée qui est destinée à débarquer sur la Perfide Albion est confiée à un jeune général, Bonaparte, vainqueur à Toulon et surtout en Italie au cours d'une campagne qui l'a mis en lumière.
Bientôt, Talleyrand et Bonaparte lui-même changent leur fusil d'épaule et optent pour une approche indirecte en visant l'Egypte, lointain territoire sous domination ottomane, mais qui est étroitement liée à l'Angleterre dans la mesure où la plupart du commerce anglais venant d'Inde transite par ce pays.
Aux impératifs de la guerre ouverte contre l'Angleterre, le but est de "libérer" les populations arabes locales du pouvoir mamelouk, une "caste" d'esclave à l'origine non musulmane et souvent originaire du Caucase, qui gère ce territoire pour le compte des Turcs. Bonaparte en profite pour embarquer avec lui une légion de savants qui vont s'illustrer par des découvertes importantes lors de l'expédition.
Passant par Malte et ravissant l'archipel aux Chevaliers de Saint-Jean, Bonaparte débarque avec ses 35000 hommes aux environs d'Alexandrie, s'empare de la ville et se dirige vers Le Caire. La troupe souffre de la traversée du désert mais parvient à défaire les troupes d'Ibrahim Pacha au cours de la célèbre bataille des Pyramides.
Tout le pays est théoriquement aux mains des Français qui bientôt doivent affronter une petite guerre de la part des populations locales qui craignent que le nouveau pouvoir mette à bas la religion musulmane malgré les garanties offertes par Bonaparte. Ces actions culminent avec la grande révolte du Caire, réprimée dans un bain de sang tandis que Desaix va pacifier la Haute-Egypte face à Mustapha Pacha.
Le tournant de la campagne est cependant initié par la défaite navale d'Aboukir au cours de laquelle l'Amiral anglais Nelson détruit la flotte française le 1er août. Désormais prisonnière de sa conquête et assiégée dans le Delta du Nil, l'Armée française entreprend de porter le feu en Syrie face aux Ottomans qui ont réagi en lui déclarant la guerre, aiguillés par l'Angleterre. El Arish, Jaffa tombent mais Bonaparte échoue à prendre Saint-Jean-d'Acre.
Le reflux vers la Basse-Egypte s'amorce avec les Turcs sur les talons. Ces derniers sont sèchement battus à Aboukir alors qu'ils tentaient un débarquement de vive force. Bonaparte décide alors de rentrer en France avec les meilleurs de ses administrateurs et généraux et le général Kléber devient en charge de la gestion de l'Egypte.
Après l'assassinat de ce dernier par un fondamentaliste musulman et la direction du pays par Menou, un long déclin s'amorce pour la France en Egypte. Les Anglais débarquent et remportent la bataille de Canope, accélérant la signature d'une capitulation: c'en est fini de cette expédition d'Egypte qui va marquer l'épopée napoléonienne de son sceau indélébile. Des victoires glorieuses, des massacres que la légende tend à masquer, les souffrances des soldats confrontés à la rudesse du climat, les découvertes des savants... tout participe à faire de cet épisode un jalon important de la geste du général Bonaparte bientôt Consul et vainqueur de Marengo, encore en Italie.
Le livre de Jacques-Olivier Boudon, historien spécialiste de la période, offre une bonne première approche générale de cet épisode. La bibliographie contenue en fin d'ouvrage peut permettre au lecteur d'approfondir certains aspects saillants du sujet.