Grande tiqueté
de Anne Serre

critiqué par JPGP, le 2 janvier 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Anne Serre et sa grande soufflante
En langage archaïque et postmoderne, le texte d'Anne Serre est né lors de la mort de son père au moment où il perd son propre langage et se met à parler une sorte de sabir. A partir de la langue du père, elle invente un conte "granduesque" où tout cavalcade et là où certaines formules échappent. La langue de la mort est renversée cul par dessus tête et sort par tous les côtés.

Un narrateur neutre crée un dédoublement à l'oeuvre. C'est "l'étranger en nous" cher à Barthes. Car Anne Serre est animée d'un gnome en elle dont elle est la mère mais qui est bien plus insolent qu'elle. Il réinvente quelque chose au moment où la parole est "touchée" et ce pour entrer dans la littérature par une "autre" langue.

Se retirant de la vie, renonçant à beaucoup de choses pour se confronter à ses textes, l'auteur aime écrire ce qui "fait honte" et reste drôle en dépot du contexte et du rapport au monde. La littérature parle, de solitude à solitude, de la douleur à la tendresse dans un mouvement de liberté face à la langue du père reprise, revisitée sans aucun abus ou moindre trace d'inceste et en une sorte de transgression stylistique réinventée et ce qui existe là de socratique.

Jean-Paul Gavard-Perret