La solidarité des éprouvés
de Guillaume Le Blanc

critiqué par CHALOT, le 29 décembre 2022
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Faire société par la solidarité !
«  La solidarité des éprouvés »
Pour une histoire politique de la pauvreté
essai de Guillaume LE BLANC
Editions Payot
290 pages
novembre 2022



Et si les pauvres, les sans rien, les SDF étaient les vrais écologiques ?
Et s'ils possédaient une maîtrise de la récupération et de la protection des ressources de la planète ?
Ce n'est pas une boutade mais une constatation.
Alors qu'une toute petite minorité possède la richesse, alors que des millions de personnes se laissent aller à la consommation débridée, à la recherche de nouveaux trésors qu'ils gardent quelque temps, d'autres, contraints d'inventer pour subsister, montrent une autre voie.
Il y a là une matière à réflexion sur le sens de la vie.
Ce livre « magistral » nous fait découvrir nos semblables, les invisibles, ceux et celles qui subissent une pauvreté complète.
Ils sont souvent mis de côté, on les côtoie et on ne les voit pas, sauf peut être quand il fait très froid, c'est alors la compassion et la pitié qui sont aux postes de commande pour un temps et on oublie.
L'auteur de ce livre nous propose, comme l'indique son sous-titre, une histoire politique de la pauvreté qui remonte à la révolution française et bien avant.
De tout temps, depuis la Grèce antique, et Rome, le peuple, la plèbe a dû se révolter pour obtenir le pouvoir politique qu'il n'obtiendra en France qu'à la révolution française en 1789 mais que partiellement.
Les vies des pauvres ne sont pas des pauvres vies mais des vies autrement. Ces personnes qui ont une histoire, un itinéraire propre, ont des choses à dire et à raconter.
Ne faudrait-il pas les faire parler d'eux-mêmes et des autres ?
ATD quart Monde l'a fait en collectant les témoignages de très nombreuses personnes.
Au moment où s'est déroulé le mouvement des gilets jaunes, ATD « a voulu rendre la voix aux sans voix en s'attachant à restituer leurs savoirs : « Les personnes dans la grande pauvreté survivent déjà avec moins que le minimum, sont contraintes à recycler, économiser, leur expérience doit être reconnue et leurs avis et expertise sollicités. »
C'est un autre regard porté à l'autre que celui que la société officielle plonge sur ces gens là qui font partie de l'humanité.
Nous devons faire société mais cette société là où les inégalités se creusent de plus en plus n'est ni juste, ni humaine.
Tout le monde a le droit au respect et à une vie décente, qui passe par un revenu qui ne soit pas ce RSA de misère qui voue dans l'extrême misère des millions d'hommes et de femmes.
Où sont l’Égalité et la Fraternité, principes révolutionnaires affichés sur les frontons de nos mairies ?
Le revenu minimum décent doit s'inscrire absolument dans une société décente où tout le monde trouve sa place et puisse avoir droit au respect.
« La société décente est la société qui redonne valeur à la solidarité, par-delà les frontières nationales mais aussi de genre, de classe et de « race » qui en obèrent trop souvent la signification. »

Jean-François Chalot