Dessins 2007-2009
de Valerio Adami

critiqué par JPGP, le 27 décembre 2022
( - 76 ans)


La note:  étoiles
Valerio Adami : la,gage ou style ?
Les nouvelles toiles de Valerio Adami restent fidèles au langage du créateur et à sa vision introspective et philosophique. Chacune sont des lieux provisoires et presque chimériques aux appels plus ou moins plombés. Surgissant, venant de loin un espace de pulsion crée un contraste entre les lignes et les plages de couleur. Tout semble émerger comme à l’avant de la représentation au moment où le dessin est le premier foyer.

L’espace pictural crée une spatialité particulière. Il y a chaque fois l’esquisse et la totalité. Souvent les surfaces sont divisées en diverses parties. Chacune communique avec les autres avec une forme de pression et de tension où le graphisme, la "scripturographie" tient son rôle. Chaque oeuvre crée un trouble là où paraît naître de l'invention instantanée du trait dans un espace qui n’existerait que par lui. Dès lors chaque tableau se compose non pas selon l’espace mais selon le temps d’exécution. C'est comme si Adami détruisait chaque pièce par la suivante mais sans abolir la précédente. Le tout avec une présence accrue autant de la crudité, du sexe et de la mort.

De telles oeuvres ne sont donc pas la simple récollection du souvenir et de l'histoire de l'art. Si l’artiste italien ramène au jour l’enfoui, c’est à son propre jour. Des laps violents apparaissent et disparaissent dans le souvenir du geste qui les a dessinés et retravaillés en un espace où différents degrés de lumière glissent et jouent par effet de dynamiques. Voir devient une activité en devenir parce que l'œuvre elle-même est une activité comparable. A savoir ressaisir sous le frémissement du passage l’avènement d’une rencontre dans le lieu où la genèse de la forme devient indissociable de celle de son espace final. IL est donc toujours comme en formation : lieu mouvant, esquisse fuyante mais irrécusable d’une rencontre à venir.

Jean-Paul Gavard-Perret