Esther's World
de Nadine Barth

critiqué par JPGP, le 24 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Les « grincesses » d'Esther Haase
L’artiste allemande vit entre Hambourg et Londres. Elle a étudié le ballet classique avant de se tourner vers la photographie et elle travaille depuis plus de 25 ans pour les grands magazines internationaux. Ses prises sont identifiables grâce à leur lumière particulière et sa façon de scénariser ses égéries telles des personnages, gais, déterminés et forts. Les couleurs violentes soulignent des espaces baroques.

En de tels décors, les personnages d’Esther Haase cultivent des pâmoisons particulières. Fracassantes à leur manière elles montent à l’assaut des magazines de beauté. Mais il leur arrive d’appeler des vœux moins pieux tout en semblant ignorer leur cible. De tels personnages ne sont pas des anges et l’adoration que le voyeur leur porte n’est sans doute pas forcément la bonne. Face au miroir de la photographe elles le font peut-être (car le doute est permis ) comprendre. La séduction fonctionne et celle qui les saisit n’est pas la dernière à jouer la captive face à elles.

Elle scénarise leurs caprices et leurs jeux. Et pour les saluer, elle fabrique un monde glamoureux, délicat et drôle. C’est à la fois féroce et poétique. Les sirènes sont marquées d’étoiles de mer qui ne finissent pas forcément en queues de poisson. Tout un peuple intérieur chevauche les belles. Il n’est pas jusqu’aux Edwarda de Bataille de ne plus êtres ici putes ou soumises : elles trouent les surfaces des miroirs moins pour y trouver la grâce qu’afin de créer le trouble.

Jean-Paul Gavard-Perret