Bewegungen / Movements
de Suzanne Perrottet

critiqué par JPGP, le 24 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Maya Rochat la grunge
Maya Rochat aime compliquer les ombres pour rendre encore plus dangereuse la contreculture dont son œuvre est la complice. Loin des jeunes filles en fleurs qui dans leurs appartements que le soleil safrane plissent des papiers de soie, Maya Rochat les déchirent pour communiquer avec les espaces sidéraux par de telles étranges lucarnes improvisées. Pire : refusant le bronzage sur des plages encombrées de férus d’essaimages l’artiste parachève de sa main ses prises du réel pour les faire mousser de miaulements optiques très particuliers et drôles.
Les photographies séduisent par leur pelage gris sales avec des mouchetures plus sombres. Cela fait penser à la brume de quelque château gothique, à une boissellerie couverte d’étranges paillettes qui ne cherchent pas forcément le captieux mais se plaisent à montrer les êtres et les choses plus vieux que leur âge. Maugréeuse à l’occasion, sourde comme des soubassements, laissant radoter pour eux tout seuls des oiseaux punks (car à aigrettes) l’œuvre prouve que qui dit poules ne dit pas forcément plumes. Agrémentés de bandages herniaires les photographies ne cherchent jamais la couleur locale mais le bizarre. Il s’agit de remonter des horloges de sable ou des clepsydres pisseuses d’eau afin de permettre aux amateurs voyeurs de jouir d’une liberté de vue au sein d’un swiss’ delirium parfois en miettes sur carrelage jonché des déchets. L’impertinente Mélusine y secoue ses poupons polychromes. Ils sentent l’abricot, le chocolat refroidi et l’acide phénique. L’artiste y apparaît parfois telle une femme au déshabillé compliqué de tractions filiformes, une écorcheuse de nerfs ou telle une minette qui amidonne les cols marins de futurs tueurs de mouettes et de geais d’eau (mais uniquement à Genève).

Jean-Paul Gavard-Perret