Centre
de Philippe Sollers

critiqué par JPGP, le 22 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Le centre et ses bords
Pour Sollers le « centre » est signifié par le génie des créateurs : ils sont souvent médecins - de Rabelais à Freud ou Céline. Mais pas seulement et la société ne les attend pas. D’autant qu’ils disent son hystérie : De Bach à Vélasquez, de Proust à Picasso voire Houellebecq. Et l’auteur de se moquer de tous les « post-» (modernes entre autres) et ses postiches. Mais à l’inverse de Houllebecq, l’auteur de « Femmes » s’élève contre la soumission et le nihilisme.

Celui qui sera un jour - comme nous tous - « le dessert du néant », reste plus vivant que jamais. Romanesque et rétif aux hypocrisies sordides l’auteur produit une littérature délectable dans laquelle l’amour reste aussi fort que la mort. C’est là son romantisme mais ce dernier reste ici lucide et violent. Et sa « guerre du goût » au titre très XVIIIème ramène toujours à l’essentiel. Pour lui en effet, « la moindre faute de goût prouve qu’on a tord ». Nietzsche le savait : avoir raison c’est avoir du goût. Et la raison reste toujours en deçà. « Centre » est là pour le rappeler.

Jean-Paul Gavard-Perret