La fête invisible
de Gabrielle Althen

critiqué par JPGP, le 22 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Gabrielle Althen : office
Gabrielle Althen permet d'atteindre les sommets de la poésie. Là où rien de l'ineffable est mixé en des spéculations grossières. L'auteure demeure au ras de l'expérience existentielle : "Suis-je heureuse ? demande l'âme qui se trouve si peu sûre de cette fête, et elle l'était, mais ne le savait pas". Preuve que le pivot de notre être plonge dans des ténèbres qui nous empêchent de voir - au-dessus - la lumière.

C'est elle qui se dérobe sans cesse et que l'auteur poursuit dans ce qui tient de murmures précieux. Refusant "l'ut pictura poesis", Gabrielle Althen accorde à la description du paysage juste les éléments qui font miroir à l'intime ou qui parfois poussent les mots à s'éteindre. Pour un temps. Avant qu'une musique de l'infini revienne comme celle des fous de jadis qui y accordaient leur regard.

Reste une seule "leçon" de conduite : "Aller suffit. Office de la vie". Et ce dans une marche où le désir se mérite jusque dans "les derniers feux du soir". Entre le visible et l'invisible le vide n'a plus cours. Et qu'importe où l'oeil de l'esprit regarde : entre la soie de l'air et la matière de la terre, ce qui est pris pour ennui n'est que le fruit d'une myopie. Gabrielle Althen la corrige.

Jean-Paul Gavard-Perret