Joie sans raison
de Jacques Sojcher, Arié Mandelbaum (Dessin)

critiqué par JPGP, le 21 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Jacques Sojcher : des femmes et du livre
Une nouvelle fois Jacques Sojcher projette vers le "trou" de son être : celui d'un "survivant ordinaire". L'infatigable rêveur tente de trouver sa voie dans "la confusion des images" première par les femmes et le livre.

Des femmes, il n'en manque pas : elles se succèdent. Et l'âge venant ne fait rien à l'affaire. Le séducteur est fasciné. Ici par la dernière d'entre elles. Sans doute est-elle de passage même si elle semble la "bonne". Elle réveille son désir, "dans une chambre d'hôtel" comme dans la "camera oscura de son cerveau". Belle, elle lui réchauffe les pieds et le coeur. Mais le brouillage persiste au milieu du bouillonnement des corps au nom de l'enfer du passé qui mène moins vers la foi en l'amour qu'à une certaine peur de soi-même.

Bref les femmes tentent de sauver "l'amant perpétuel", celui qui est "toujours entrain de naître / Puéril jusqu'à la mort". Elles soulèvent "une joie sans raison". Mais la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a à l'incurable. La dernière tente toujours de dissiper les visages perdus. Elle permet à la vie de suivre son cours : mais l'effondrement demeure. Inventant à sa mesure les aimée, chacune "devient réelle" pour preuve "sa place est dans le livre". Et c'est bien là le problème.

Jean-Paul Gavard-Perret