L'Immobilité battante
de Jean-Pascal Léger, Pierre Tal Coat, Michel Dieuzaide (Photographies)

critiqué par JPGP, le 21 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Pierre Tal Coat ou la puissance de la digression
Tal Coat (1905 - 1985) rappelle que pour une œuvre fasse irruption dans le monde il faut d’une part être poussé par une insatisfaction profonde autant dans l’art que l’univers tel qu’ils existent et d’autre part ne pas chercher la beauté pour la beauté ou le matériau pour le matériau.

Un bloc de graphite suffit parfois afin de recommencer l’histoire de la peinture sas renier pour autant Matisse, Zubaran, Mondrian, Fayoûm et quelques autres, bref ceux qui comme Tal Coat savent jouer du calme comme de l’agitation. C’est pourquoi une telle œuvre en dépit de son minimalisme n’est jamais âpre : elle bouge, échappe au cadre comme les mots du poète (l’artiste l’est aussi) échappe au logos. C’est un feu en noir et blanc. C’est chaud et froid et se situe « derrière » l’image.

Dans ses années d’envol l’artiste se trouvait encore attiré par la représentation mais très vite il passe à la matière, la griffure, le trait. Il sent que le monde est moins catégoriel qu’on le croit et que l’image si elle n’échappe pas à elle-même n’est rien qu’un mirage d’un mirage. En cela même à travers ce qui peut sembler abstrait (et en conséquence quelque peu métaphysique) le travail plastique une histoire de corps, de gestes. Ce sont eux qui poussent le trait dans l’espace pour vaincre toute inertie.

Jean-Paul Gavard-Perret