Peter Doig
de Catherine Lampert, Richard Shiff, Peter Doig (Illustration)

critiqué par JPGP, le 19 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Peter Doig : jouer avec la peinture
Artiste phare aux USA de la scène contemporaine, l'oœuvre de Doig reste néanmoins plus considérée comme produit pour galeries de Miami à gogos argentés que pour les grands musées même si l'artiste en devient une valeur sure. Il est vrai que l'œuvre - par sa figuration et ses couleurs - a de quoi séduire l'amateur lambda. Habile coloriste et dessinateur, il possède ce que l'on nommait jadis une "patte". La mondialisation entraîne sans doute le succès de ce type d'approches qui peut traverser les continents. Elle n'a pas de ni, de trop. Ni trop figuratif, ni trop abstrait.


Dès lors deux lectures (au moins) de l'œuvre de Peter Doig sont possibles. La première revient à l'envisager comme un avatar éculé de la peinture plus ou moins exotique que l'artiste développe(rait) de manière digressive. La seconde est de la considérer comme un modèle de transgression de la figuration que l'artiste piège en instaurant un pont habile entre diverses tendances et en des narrations aussi ensoleillées que brumeuses. Pas sûr néanmoins que le regardeur perçoive (sauf dans les œuvres très "coulantes") l'ironie de tels travaux. Les plages y ressemblent à celles des Club Med et ignorent tous tsunami. Certes Doig passe de l'horizontalité de l'arbre mort à la verticalité de l'homme qui marche. Mais il n'a pas l'envergure de celui de Giacometti. Tout est fait pour séduire et dégager de nos insomnies. Après tout ce n'est peut-être pas si mal. Ne serait-ce pas là une peinture (astucieuse, intelligente) "de rêve" pour temps de crise ?

Jean-Paul Gavard-Perret