Shirley - Villette: (1849-1853)
de Charlotte Brontë

critiqué par JPGP, le 16 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Char­lotte Brontë et le renouveau
Char­lotte Brontë après l’immense suc­cès de Jane Eyre (1847), eut du mal à rebon­dir. D et s'assombriy ’autant que sa vie devient dou­lou­reuse : Bran­well, Emily et Anne dis­pa­raissent en quelques mois. Elle devient la seule sur­vi­vante de la fra­trie d’écrivains.

Shir­ley paraît après ces épisodes douloureux. en 1849. En toile de fond de la lutte des ouvriers du tex­tile contre la méca­ni­sa­tion. Sur le devant de la scène appa­raissent deux héroïnes qui se dis­pute l’attention d’un pré­ten­dant : Robert Moore.

L’une est une riche héri­tière fou­gueuse, l’autre une douce orphe­line. Selon les his­to­rio­graphes lit­té­raires spé­cia­listes des Brontë, la pre­mière est ins­pi­rée d’Emily, la seconde d’Anne. Mais le roman — lais­sant resur­gir les héros des œuvres de jeu­nesse — pro­pose avant tout des por­traits de femmes à la recherche de leur place pour s’intégrer dans l’Angleterre patriar­cale de l’époque.

Villette paraît quatre ans plus tard. Et l’auteure remonte les sou­ve­nirs de son séjour à Bruxelles. Élève puis pro­fes­seur, elle fut séduite de manière intel­lec­tuelle par celui qui don­nait des cours de rhé­to­rique dans l’établissement tenu par son épouse. Elle trans­pose cette expé­rience avec le per­son­nage de Lucy Snowe éprise d’un alter ago peu amène.

La roman­cière fait preuve ici de beau­coup d’humour caus­tique. Sa viva­cité garde la pureté de l’eau, là où jaillit à côté du réa­lisme un des nou­veaux codes de l’époque : le gothique. Mais Char­lotte Brontë le tord à sa guise dans cette fic­tion rem­plie d’ellipses jusque dans le dénoue­ment laissé ouvert..

Dans ces deux “chants” roma­nesques, jours et nuits savent sub­ti­le­ment aller et venir dans la proxi­mité comme dans la distance.

Jean-Paul Gavard-Perret