Rodeo Drive 1984
de Anthony Hernandez

critiqué par JPGP, le 15 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Anthony Hernandez zr les vainqueurs
Anthony Hernandez fut médecin dans l’armée américaine lors de la guerre du Vietnam avant de devenir photographe en 1969. Ses premiers travaux ont été inclus dans deux expositions marquantes : "The Crowded Vacancy" au Pasadena Art Museum de Los Angeles puis "New Topographics". Elles présentèrent un nouveau type de photographie américaine de paysage. Ainsi dès les années 1970, Hernandez - comme ses contemporains Lewis Baltz et Terry Wild - devient photographe du paysage social de Los Angeles entre autres avec "Landscapes for the Homeless".

*"Rodeo Drive, 1984" propose une autre vision de la cité des anges. 41 images présentent les badauds sur l’artère commerçante de Beverly Hills. Les sujets semblent pris au dépourvu. Ils regardent dans le vague en attendent d’être servis, flânent ou marchent de manière décidée. Anthony Hernandez s'en fait apparemment l'observateur impartial, enregistrant les coiffures, les épaules larges et les tailles cintrées des années 1980 dans des photographies pleines de soleil californien.

Mais il ne se contente pas de documenter l’expérience urbaine. Il révèle la complexité des espaces sociaux où se distinguent des disparités économiques et des divisions raciales. Et comme l'écrit Lewis Baltz, "ce sont les vainqueurs ici qui profitent du butin de leur victoire sur Rodeo Drive"'. L'artiste ne cesse de rappeler diverses conditions sur la scène de la cité là où la lumière cache bien des ombres afin que nous restions des témoins d’une violence politique et sociale larvée.