Christian Maillard photographs
de Thomas Zander

critiqué par JPGP, le 14 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Christian Maillard : du réel et de son double
Dans les effets de miroir que Christian Maillard plante dans le paysage l'image dénonce sa face cachée. Le photographe retient autant l’importance du lieu que du moment. Il met ainsi du paysage dans du paysage, une image fugitive dans une autre image fugitive - car rien n'est fixe dans le spectacle du paysage, en ce qui nous traverse de lui, sauf nous, nous qui restons immobiles. Preuve que réalité est bien, un point de vue.

Tout le paysage apparaît comme un gigantesque engloutissement dans le temps. Il a un visage, une humeur, une langueur. Il passe à travers tout, sur tout, sous tout. Il traverse même selon l’artiste les murs du décor dérisoire qui s’intitule grands espaces ou cités. La lumière bien sûr le traverse, comme le froid ou la pulsation du vent mais il y a aussi toute la puissante présence des êtres si bien que dans un tel travail une double question se pose : qui est miroir de qui et de quoi ?

Des oeuvres émergent d’autres ombres. A la place du paysage surgit la rêverie architecturale au cœur non de la lumière mais de l’obscur. L’artiste, en reprenant une problématique nocturne du paysage fait passer d’un univers surchargé d’images à celui d’une sélection du regard. Il donne l’impression que le temps se défait. Soudain vivre est comparable à errer seul vivant au fond d'un instant sans borne puisque ne restent que des "indices" du paysage. Celui-ci devient le sujet dépouillé de photographies (lieu par excellence du spéculaire) qui foncent dans le spectrale des marges parfois d'un presque obscur.

Jean-Paul Gavard-Perret