Abrupte fable
de Christian Dotremont

critiqué par JPGP, le 13 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Christian Dotremont l'irrégulier de l'art de et la langue
Par le logo­gramme, l’artiste passe le lan­gage au pilon de la voix en le met­tant dans de beaux draps, où il se tord en offrant par­fois de bien étranges den­telles. Les mots de la tribu flottent sou­dain en de sur­pre­nantes bannières.

"Abrupte fable" le prouve en devenant l’ouvrage qui man­quait pour com­prendre vrai­ment l’œuvre de Dotre­mont. L’auteur fait preuve d’une infi­nie clarté. Il trace quelques lignes zig­za­gantes qui relient la forêt des Cobra aux pay­sages de Lapo­nie, où il traque la pro­gres­sion de quelques racines en vue de conqué­rir la pré­his­toire de l’écriture.

Le poète ap­prend len­te­ment à vivre en appro­fon­dis­sant avec le logo­gramme de nou­velles formes d’écriture. Car chez et pour lui le logo­gramme n’est pas une cal­li­gra­phie mais bien une écri­ture. Le poète vou­lut même un temps les nom­mer “anti-calligraphies”.
Car il existe dans le terme cal­li­gra­phie la notion d’une beauté que l’artiste ne cher­chait pas en pre­mière instance. Le chan­ge­ment est capi­tal : il fait de l’auteur un irré­gu­lier parmi les irré­gu­liers de la langue dont la Bel­gique regorge.

Jean-Paul Gavard-Perret