Sfumato
de Florence Grivel

critiqué par JPGP, le 12 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Florence Grivel : la vie est ailleurs
Sous forme de divagations autour de sa formation artistique, Florence Grivel fait de son livre moins une autobiographie qu'un "conte alchimique, un récit initiatique où la narratrice passe - selon la structure classique du genre - d’une quête de ses besoins vers celle de son désir.". Ouverte au dialogue avec elle-même la talentueuse narratrice prend diverses casquettes et ce pour explorer les moindres détails (Comment choisir son vinaigre Balsamique ou pomme non-filtrée) dans cette enquête "sur la vie bonne dans un récit de voyage aux couleurs italiennes."

S'y succèdent des vignettes enrichies : preuve qu'une telle aventurière est aussi abasourdie par son bagage d’historienne de l’art que sonnée (avant de se reprendre) par des rencontres imprévues qui la guident où elle n'avait pas prévu. L'énergie qu'elle cherche dans l'art est peut-être bien ailleurs. Pour preuve ce pont d'achoppement d'un tel récit et sa clé : une reproduction de la Joconde se retourne pour offrir son verso monochrome vierge qui s'enroule pour devenir le récipient de l'élixir qui pourrait enivrer ou calmer la vie de la narratrice.

Celle-ci, au sein d'une écriture primesautière s’échappe des salles de musée vers les collines toscanes, flâne au marché et plonge dans les eaux vivifiantes d’une plage. Néanmoins elle reste fidèle à ses basiques et n'oublie pas de prendre des nouvelles de Vermeer et de Duchamp, de Rosemarie Castoro et d’Yves Klein.Mais de l'Italie, Peccato ! elle ne verra pas la Joconde et son point de fixation diffractée..

Jean-Paul Gavard-Perret