Demande à l’obscurité
de Vénus Khoury-Ghata

critiqué par JPGP, le 11 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Nécessaires décalages de Vénus Khoury-Ghata
Le monde de Vénus Khoury-Ghata est celui des atrocités du monde d'hier comme d'aujourd'hui. Mais l'auteure pour les dire invente une poétique de déphasages faite d'humour (parfois) et de gravité (surtout) afin d'éviter les simples effets de surface de la sensiblerie. L'intelligence est toujours au rendez-vous dans ce qui veut paraître les exercices de sapience des plus élaborées pour tordre le cou à la guerre et ses conséquences : exils, meurtres, mépris des femmes.

La poétesse évoque celles-ci sans faire de sermon mais pour les faire sortir du silence lorsqu'elles servent de torchon ou de repos au guerrier. Le féminin avance là où le gouffre de l’être se transforme en une maison aux mythes et empreintes aussi archaïques qu’utopiques. L'artiste ose une forme d’«incompossible» pour un passage à la conscience.

La poésie se refuse au chant lyrique pour que sa symbolique et sa lutte soient plus fortes jusque sur les draps qui sont moins maculés d'amour que du sang des assassins. Vénus Khoury-Ghata reste à la fois toutes les femmes et la nageuse d’un seul combat là où le monde ne connaît que les mémoires étouffées, noyées, brûlées. La créatrice les réanime.

Jean-Paul Gavard-Perret