Cher éditeur
de Pierre Leroux

critiqué par Hypathie, le 13 octobre 2004
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Coup de coeur de la rentrée littéraire
J'ai lu une montagne de romans depuis le début de cette gigantesque rentrée littéraire 2004, et ce livre de l'écrivain et scénariste québécois est mon coup de coeur absolu!!!!
Avec un sens diabolique des rebondissements inattendus, Pierre Leroux a imaginé une correspondance entre des auteurs et leur éditeur. C'est drôle à pleurer et triste à mourir de rire!!!
Ce livre est sans doute l'un des cinq meilleurs romans que j'ai lu de ma vie.
Et si vous aimez la littérature, vous marcherez aussi dans les pas de Zweig, Von Kleist, Primo Levi, Marina Tsvétaïeva, Yves Navarre, Hemingway et autres suicidés de la littérature...
Ouf! J'ai des frissons devant la sensibilité et l'intelligence de ce si beau roman.
Marchands d’espoir 8 étoiles

Situé entre le roman et le recueil de nouvelles, ce livre est composé presque en totalité de lettres à un éditeur. Les premières sont réalistes – la complainte de l’écrivain frustré qui s’interroge suite à son quatorzième refus – celle de celui qui va se suicider pour passer à l’histoire comme Kennedy Toole – l’offrande de la lavette usée, prêt à tout pour se faire publier. Des exercices de style exécutés sans faille, avec beaucoup d’humour et dans un français classique absolument impeccable.

Tout au long, des éléments réapparaissent – un coupe-papier afghan – une petite fille de huit ans – un juriste appelé Maître Wilenstein. Ce n’est qu’à la fin que le carcan est brisé, reléguant les lettres « Cher éditeur » aux oubliettes, pour nous éclairer sur les coulisses de la chose avec un discours nuancé. Trop nuancé certains diront?

Car il faut souligner que Leroux est habile pour marcher sur le fil du rasoir, sans jamais s’adonner à la semonce vindicative ulcérée, souvent pratiquée dans le but d’épater la galerie. L’ensemble est gentil, dosé et joli. Tout de même, chapeau à Albin Michel pour avoir oser publier une œuvre qui n’est pas nécessairement tendre avec le milieu de l’édition.

Sans fournir la recette pour être édité ou bousculer les colonnes du temple, le livre soulève des questions - Est-ce que l’œuvre a plus de valeur que l’artiste? - Est-il acceptable de privilégier le pécunier avant la qualité? Mais avant tout, il permet aux aspirants écrivains, comme moi, de se consoler, en lisant le délire de ceux qui se butent à la porte d’entrée des maisons d’édition encore et encore.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 19 juillet 2005