Qui se souviendra de Phily-Jo ?
de Marcus Malte

critiqué par Psychééé, le 29 novembre 2022
( - 36 ans)


La note:  étoiles
Original et surprenant !
J’avais beaucoup aimé Le garçon du même auteur grâce à sa maîtrise singulière de l’art du récit. Quant à Phily-Jo et à ce livre en particulier, je m’en souviendrai probablement encore longtemps !

Il s’agit d’une enquête vertigineuse et palpitante à propos de la mort étrange de Phily-Jo, un savant qui aurait inventé un appareil destiné à produire une énergie libre. Tour à tour, plusieurs personnes poursuivent cette enquête qui va provoquer de nombreuses disparitions, tant les intérêts communs sont importants. C’est d’abord Gary Sanz, le beau-frère de Phily Jo, puis Dipak, un étudiant qui s’intéresse aux couloirs de la mort, Barbara, une avocate justicière, puis Sylvia …Tous, les uns après les autres, tentent de démêler le vrai du faux et semblent y parvenir à la lumière des éléments en leur possession.

On s’aperçoit qu’on est face à un véritable roman sur l’art de la manipulation. Très intelligent, digressif et brillant. La manipulation de l’auteur envers le lecteur, celle des médias, des lobbies, des scientifiques, celle de l’industrie pétrolière, du tabac et du grand capitalisme. De manière tout à fait rocambolesque, on se laisse entraîner dans ce récit en spirale où l’auteur parvient avec brio à nous manipuler. A la fin, on se retrouve finalement face à une thèse qui se tient. Faut-il la croire ? Tous les éléments convergent. Comme celles menées par les précédents enquêteurs. A moins que nous n’ayons été à notre tour manipulé ?

Une fois de plus, je trouve cet auteur hors du commun, original et absolument surprenant ! J’ai eu l’impression d’être dans un roman de Steinbeck chez la vieille Tante avec l’ambiance créée, tellement Marcus Malte a le don pour raconter des histoires avec forces détails et un grand réalisme. Le ton, le vocabulaire, les éléments d’enquête, l’humour, tout y est ! Un roman vraiment original et jubilatoire !
« Que croire ? Qui croire ? » 10 étoiles

Phily-Jo, Philip Joseph Deloncle, adossé à une rambarde, tombe et meurt.
Meurtre, suicide ou pas de chance (tomber du premier étage mais sur un ornement de capot de Rolls Royce…) ?

Phily-Jo disait avoir inventé un appareil permettant d’extraire gratuitement de l’énergie du vide. Vrai ou faux ?

Comment vous donner envie de lire ce livre sans vous gâcher le plaisir de sa découverte ?
Si j’ai apprécié de lire des critiques (trop détaillées) de ce livre après sa lecture, leur lecture avant aurait été une mauvaise idée…

Un roman sur quoi ? sur les manipulations, que ce soit celles de l’auteur, ou dans la vraie vie ?
Sur le complotisme ?
Sur Phily-Jo ?

Un exemple : dans la page de titre, une mention « roman traduit de l'anglais par … » alors que Marcus Malte est un auteur français.

Un roman gigogne, un roman où chaque nouvelle partie remet en cause ce qu’on croyait avoir compris…

Un de ces romans où on attend impatiemment d’avoir enfin le temps de s’y replonger tout en redoutant qu’il ne soit trop vite terminé…

Jubilatoire !

« dans tout écrit, récit ou fiction, l’auteur manipule le lecteur, que ce soit intentionnel ou pas. Ne serait-ce que parce qu’il choisit les éléments qu’il délivre et la façon de les délivrer. Il impose son point de vue. »

« La lecture, il a dit, c'était essentiellement une question d'entraînement. Pour savoir lire, il fallait lire. Beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup. »

« Quand l'histoire est belle, quand elle nous conforte dans nos attentes, dans nos espoirs et nos rêves, on est tout prêt à s'en laisser conter. »

« Ne vous rendez jamais à l'évidence. »

Ludmilla - Chaville - 68 ans - 13 mai 2023