Les Tuniques Bleues - Tome 66 - Irish Melody
de Kris (Scénario), Willy Lambil (Dessin)

critiqué par Vince92, le 20 février 2023
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Combats fratricides
La reprise du scenario par Kriss faisait entrevoir aux lecteurs de la série Les Tuniques bleues l'espoir d'une revitalisation après des dizaines d'albums plus ou moins ratés. Cauvin aux manettes depuis quarante ans avait épuisé sa créativité dans cet environnement très borné et figé et on attendait un souffle nouveau (sans pour autant tout changer!)... l'idée de ce nouvel album: les combats fratricides entre immigrés irlandais engagés de part et d'autre, les uns avec le Nord, les autres avec le Sud. Cousins, frères, amis se retrouvent face-à-face, obligés pour répondre à leur serment à s'écharper allègrement.
Le thème avait déjà été abordé par le duo Cauvin/Lambil dans ce que je considère comme l'un des meilleurs tomes de la série, Les Cousins d'en face (1985). Kris signe ici un volume honnête mais qui n'a pas non plus suscité un enthousiasme débordant de ma part. En cause? des facilités dans les détails scénaristiques qui ne sont pas du tout convaincants (le lieutenant du Nord, confiés aux bons soins de Cornelius Chesterterfield... par hasard... n'est pas du tout crédible), des longueurs et des détails sur le folklore irlandais un peu lourds (le costume traditionnel, la bière brune, les chants, les courses de chevaux,...). Au crédit du scénariste, quelques gags et répliques assez drôles.
Kris doit s'approprier les codes de la série mais également en faire SA série. On sent le poids de la responsabilité qui est la sienne qu'il a en partie évacuée en empruntant certains passages obligés tels que l'opposition Chesterfield-Blutch, la couardise de Blutch, la bêtise de Chesterfield, la froideur d'Appeltown ou de Stillman. Exercice vraiment très compliqué que seules la pratique et une certaine audace permettront à Kris d'engendrer un tome vraiment intéressant. D'ici là le lecteur doit se contenter de ce tome honnête, sans plus.
Le trait de Lambil est lui assez variable, parfois les visages de ses personnages sont très approximatifs, d'autres fois son dessin force l'admiration, d'autant que le maître approche les... 90 ans. Quelle longévité pour un résultat toujours digne d'éloges...