La traîne des empires: Impuissance et religions
de Gabriel Martinez-Gros

critiqué par Colen8, le 5 novembre 2022
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Une autre clé en philosophie de l’Histoire
Cette analyse magistrale fortement inspirée de l’historien médiéval arabe Ibn Khaldûn en est la continuation. Le constat de l’effondrement de trois empires anciens parmi les plus grands, ceux de Chine, de Rome et l’Empire islamique amène à en déduire un schéma assez comparable. Tous trois ont ouvert la voie aux trois religions se voulant universelles qui représentent à ce jour plus de la moitié de l’humanité : le bouddhisme, le christianisme et l’islam(1).
Des habitants devenus sédentaires parviennent à accumuler la richesse à partir de laquelle prend forme peu à peu un empire à vocation pacifiste. Ceux-ci délèguent d’abord la violence nécessaire à son expansion territoriale aux « bédouins » vivant à leurs marges en échange de quoi ils en attendent de la protection. Au fil du temps ils leur abandonnent aussi l’exercice du pouvoir jusqu’à ce que l’empire en soit ébranlé et affaibli au point parfois de disparaître.
Cette grille de lecture de l’histoire pluriséculaire est utilisée pour aborder la période contemporaine depuis la première révolution industrielle qui a accompagné l’hégémonie européenne, dorénavant occidentale et qui la maintiendra selon toute vraisemblance jusqu’en 2050. Elle alimente ainsi une réflexion futuriste faisant de la baisse démographique accélérée une variable pertinente pour l’écologie, qui pourrait à son tour devenir religion universelle.
(1) A un degré moindre et plus récent l’hindouisme se prêterait à la même analyse.